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lundi 21 mai 2018

HISTOIRE et MEMOIRE - La Galerie de l'Histoire - LA NAKBA

HISTOIRE et MEMOIRE

[La Galerie de l'Histoire] LA NAKBA

   
Christian LE Moulec
20 mai, 14:03
 
LA NAKBA 

Chaque année, le 15 mai, au lendemain de la proclamation de l'Etat d'Israël (14 mai 1948), les Palestiniens commémorent la « Nakba », un mot arabe qui signifie « grande catastrophe ». Entre 1947 et 1949, environ 800 000 Palestiniens ont été chassés de leurs terres par les forces israéliennes. 

Une "grande marche du retour" demande chaque année le droit au retour des réfugiés palestiniens. 
Le 29 novembre 1947, l'Assemblée générale des Nations unies adopte la résolution 181 qui prévoit le partage de la Palestine en deux Etats : l'un juif, l'autre arabe, avec une zone internationale pour Jérusalem et les lieux saints. 
C’est à ce moment-là que commence ce qu’il faut bien appeler la guerre d’expulsion des Palestiniens. D’abord, posons-nous la question : ce plan de partage ne donne-t-il pas une sorte de feu vert au plan D de l’armée israélienne, qui est, ne tournons pas autour du pot, un plan d’expulsion ? 
Maintenant, je vous invite à vous pencher sur un document secret des services de renseignement de la Haganah, principale armée juive illégale avant la création de Tsahal, fin mai 1948. Ainsi, l’historien israélien Benny Morris a découvert dans les archives de l’Etat d’Israël un document qui dit ceci : 
« Au 15 mai 1948, il y a déjà presque 400 000 Palestiniens qui ont quitté le territoire. Et les espions de la Haganah nous disent que 73% l'ont fait en raison des actions des forces armées juives et des massacres qui se sont produits à cette période. Le reste étant soit, à 22%, les peurs de la dissolution de la société palestinienne, et, à 5%, des appels aux départs locaux lancés par des responsables de milices palestiniennes. » 
Effectivement, la peur des Palestiniens est fondée sur des massacres, tel celui du village de Deir Yassin (région de Jérusalem), où dans la nuit du 09 au 10 avril 1948, 250 habitants, dont femmes, enfants et vieillards, sont tués par l’Irgoun et le Lehi (organisations armées sionistes, que l’on peut qualifier de terroristes). 
Menahem Begin écrit dans son livre –The Revolt- (1973) : 
« Les Arabes d'Eretz-Israël furent saisis de panique et commencèrent à fuir en proie à la terreur. La légende de Deir Yassin nous a aidés notamment à conquérir Haïfa. » 
Evidemment, pour Begin, Deir Yassin est une légende. 
L'exode palestinien devient massif après le 14 mai 1948 et la déclaration d'indépendance d'Israël, qui déclenche la première guerre israélo-arabe. 
Le futur Premier ministre, Yitzhak Rabin, reconnaît d'ailleurs cet usage de la force dans ses Mémoires. Les extraits ad-hoc furent censurés dans la version définitive des Mémoires de Rabin, mais reproduits dans le New York Times du 23 octobre 1979. 
Des personnalités israéliennes s’inquiètent, tel Aharon Cizling, ministre de l’agriculture, qui déclare au conseil des ministres du 17 novembre 1948 : 
« Je n'ai pas pu dormir de la nuit. Ce qui est en cours blesse mon âme, celle de ma famille et de nous tous. Maintenant les Juifs aussi se conduisent comme des nazis et mon être entier est ébranlé. » 
Longtemps, les expulsions sont niées par la bien-pensance israélienne qui veut que les Palestiniens se sont enfuis parce qu’ils ont répondu à l’appel au départ des pays arabes. Inversion des rôles, en somme ! 
En Israël, les archives commencent à s’ouvrir trente ans après les événements. Toute une génération d'historiens s'est jetée sur ces textes et, en 1978, ils en ont tiré comme leçon qu'il n'y a pas eu de départ à l'appel de qui que ce soit. Il y a eu une expulsion massive dont le gros est dû à l'action des forces juives pendant la guerre. 
Il n’empêche que l’actuel gouvernement israélien est dans la négation de l’Histoire ! 
La Nakba prend fin officiellement avec le dernier armistice israélo-arabe, en l’occurrence avec la Syrie, le 20 juillet 1949. 
Mais, dans les faits, elle continue. 
Pour l’historien et journaliste, Dominique Vidal, cette Nakba qui se poursuit est la clé de tout le problème israélo-palestinien : 
« Imaginez un peuple dont plus de la moitié se trouve à l'étranger, hors de sa terre. Evidemment, on a là un problème majeur qui est au cœur de ce conflit depuis maintenant 70 ans. » 
Pour conclure, méditions sur ce que nous dit l’écrivain David Grossman, avant de recevoir le prix Israël, lors du 70ème anniversaire de l’Etat hébreu : 
« La résolution des relations israélo-palestiniennes, si complexes, tient dans une formule : tant que les Palestiniens n’auront pas de foyer, les Israéliens n’en auront pas non plus. » 
Ci-dessous : 25 juin 1949, réfugiées palestiniennes en chemin pour traverser le Jourdain.
LA NAKBA
Chaque année, le 15 mai, au lendemain de la proclamation de l'Etat d'Israël (14 mai 1948), ...

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