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dimanche 22 avril 2018

Les Crises.fr - [RussEurope-en-Exil] Y-a-t-il une alternative à la stratégie populiste ? Par Jacques Sapir

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22.avril.2018 // Les Crises


[RussEurope-en-Exil] Y-a-t-il une alternative à la stratégie populiste ? Par Jacques Sapir



Billet invité
La question du « populisme » est aujourd’hui à l’ordre du jour. Selon « Marianne » cette question diviserait la France Insoumise, entre partisans d’une ligne populiste et partisans de la vieille « union de la gauche »[1]. La question de la stratégie, ou plus précisément des stratégies qui s’affrontent, est un véritable problème, et un de ceux qui ne disparaitront pas d’un claquement de doigt. L’autoritarisme du Président Emmanuel Macron, que confirment chaque jour un peu plus ses réactions face à la contestation sociale (et l’on pense ici aux dizaines de blessés de Notre-Dame des Landes ou des évacuations de grévistes dans les universités), est une preuve que les divers mouvements, même s’ils convergent, ne pourront provoquer un changement de politique. Le mieux que l’on puisse en espérer, et ce mieux n’est pas rien, serait un blocage des désastreuses réformes qu’Emmanuel Macron et son gouvernement cherchent à faire passer en force.
Si donc l’on veut faire reculer le néo-libéralisme et l’élite – qu’on l’appelle oligarchie ou comme le faisait Jean-Pierre Chevènement l’établissement – il devient dès lors clair qu’il faudra trouver un débouché politique aux luttes sociales. Mais ce débouché politique implique un affrontement frontal avec l’oligarchie. Pour que cet affrontement soit victorieux il doit être compris qu’il convient de présenter un vaste front. Aucun mouvement ne pourra espérer être victorieux sur la base de ses simples forces. Mais, si des formes d’alliances – rendues nécessaires par le système électoral français – vont s’imposer, elles ne résolvent nullement la question du cadre de cette alliance ni celui du choix entre une stratégie dite « populiste » et une stratégie dite « d’union », que ce soit à gauche ou à droite.

Stratégies et mode de scrutin


Les stratégies dites « d’union » ont pu fonctionner dans le passé. Que ce soit avec « l’Union de la Gauche » dans les années 1970 au début des années 1990, ou sous l’appellation de « gauche plurielle » lors des législatives de 1997, cette stratégie a été gagnante. A droite, les stratégies « d’union » ont été moins formalisées. Elles ont néanmoins permis la victoire de Valery Giscard d’Estaing en 1974, puis celle de Jacques Chirac en 1995 (après cependant un affrontement féroce au sein de la droite) et enfin en 2007 avec la victoire de Nicolas Sarkozy. Mais, il convient ici de ne pas confondre une tactique, qui peut être provisoire, avec une stratégie. Ce qui caractérisait la vie politique française des années 1970 aux années 1990 était bien la construction, certes problématique, certes entachée de multiples contradictions, de deux « blocs » chacun réuni par une stratégie d’alliance. La construction de ces « blocs » rendait naturelle l’alliance tactique en période d’élections.
Les tactiques d’union sont, il faut le rappeler, impératives vu le système électoral français, c’est à dire le scrutin uninominal d’arrondissement à deux tours pour les élections législatives et le scrutin à deux tours pour l’élection présidentielle. Pour l’élection présidentielle en particulier, mais aussi pour les élections législatives, il fonctionne suivant le principe « on choisit au premier tour, on élimine au second tour ». Mais, une tactique d’union ne fait pas une stratégie. Le fonctionnement plus ou moins bon de ces tactiques était soumis au cadre stratégique. Moins bien fonctionnait la stratégie et plus la tactique était susceptible d’avoir des « ratés » importants.
Les différends partis, il faut le rappeler, se construisent sur des stratégies qui organisent leurs discours ; ces partis ou mouvements adoptent lors des élections des tactiques électorales. La question de la cohérence entre ces stratégies et ces tactiques est donc naturellement aujourd’hui posée. Ces tactiques ont en effet survécu à l’épuisement du contenu des stratégies. On l’a vu lors de l’élection de François Hollande au 2012. Les discussions entre François Hollande et Jean-Luc Mélenchon, sans qui il n’aurait pu être élu, ont été minimales. De fait, il apparaissait déjà qu’il n’y avait aucune base d’accord stratégique entre le PS et la gauche radicale. Mais, il est clair – et l’élection présidentielle de 2017 l’a prouvé – que le temps où ces tactiques pouvaient rester pertinentes est révolu. Il faut donc repenser l’ensemble de l’articulation entre la stratégie et la tactique si l’on veut avoir une chance de triompher dans les prochains affrontements.

L’éclatement des stratégies dites « d’union »

Ce qui a miné de manière radicale la possibilité d’accord stratégique, même à minima (et on rappelle que l’élection de François Mitterrand en 1981 ne s’était pas faite dans le cadre du « programme commun » mais d’une « union de la gauche » bien moins contraignante), est le fait que depuis les années 2000 les anciens clivages partisans « gauche-droite » ont été dévalorisés tant par les comportements politiques (que ce soit ceux de Nicolas Sarkozy avec sa politique d’ouverture en début de quinquennat ou de François Hollande) ou par le pivotement général du champ politique imposé par l’Union européenne et la mise en place de l’Euro. Il convient cependant ici de ne pas confondre ce que l’on appelle les « clivages » avec l’existence d’un ensemble de principes politiques et sociaux qui peuvent servir de définition à une « gauche » comme à une « droite », mais qui sont souvent partagés bien au delà des clivages partisans. On peut ainsi considérer que nous sommes dans une période de redéfinition des clivages partisans, et cela a des conséquences importantes pour les stratégies. L’impossibilité d’une stratégie « d’union » ne serait alors que temporaire[2], le temps que les clivages se redéfinissent. Mais, on peut aussi considérer que le changement est en réalité bien plus profond, avec l’émergence d’une « élite » qui tend à se séparer de plus en plus de l’ensemble de la population. Plusieurs chroniqueurs notent ainsi, depuis ces dernières semaines, une tendance au « séparatisme » ou à la sécession des élites[3]. Ceci traduit en réalité l’impact de ce que l’on appelle la « mondialisation » sur la société française. Car, dans une économie « mondialisée » les élites, et l’oligarchie, peut se croire dégagée des impératifs de la solidarité nationale. Les profits qu’ils encaissent ne sont plus liés à la santé de l’économie nationale, une santé qui elle-même exigeait que les masses aient un revenu croissant pour consommer[4]. On constate que les inégalités, calculées comme la part du revenu accumulé par les 10% voire les 1% les plus aisés, ne cessent d’augmenter depuis la fin des années 1980, c’est à dire depuis l’accélération du processus de mondialisation, mais aussi l’acte unique européen. Et l’UE tout comme l’Euro ont été de puissants vecteurs de cette mondialisation et n’ont nullement visé à « protéger » en quoi que ce soit la société française (tout comme les sociétés des autres pays de l’UE…). On assiste dès lors dans un même mouvement à une réduction numérique du prolétariat industriel (en raison de la désindustrialisation engendrée par la mondialisation et les règles européennes) combinée à une prolétarisation massive, qui touche aujourd’hui de larges fraction du salariat (ce que l’on appelle les « classes moyennes ») et du quasi-salariat (avec la prolétarisation rapide des conditions d’existence des auto-entrepreneurs).
Si l’on adopte cette grille de lecture, il devient alors clair que, au-delà d’un simple processus de redéfinition des clivages, nous sommes entrés dans un processus de rupture des anciens cadres politiques. Ce qui s’est passé en Grèce en 2015 est encore dans toutes les mémoires. On a vu la souveraineté d’un pays bafouée par l’Union européenne et par les institutions de la zone Euro. La définition de l’oligarchie et de ses liens avec tant la mondialisation que la construction européenne en a été considérablement précisée ? Cela implique l’invalidation des stratégies anciennes. De fait, tous les acteurs qui, à gauche comme à droite, cherchent à revenir à des stratégies dites « d’union » n’ont pas mesuré les changements dans le contexte politique et social de la France. Leurs cadres politiques sont restés bloqués au XXème siècle et ils ânonnent « Union », « Union » sans se rendre compte que les conditions ont profondément changées.

Populisme et stratégies populistes

Les stratégies que l’on qualifie de « populistes » se définissent par la tentative d’un parti ou d’un mouvement d’intégrer, de manière plus ou moins stabilisée, des fractions sociales et électorales qui ne correspondent pas à sa définition initiale. Ces stratégies ont été expérimentées en Amérique Latine en particulier, parce que la situation de domination néocoloniale de certains de ces pays conduisait à une polarisation intense des revenus et à l’émergence d’une élite clairement distincte du reste de la population[5]. Des situations analogues se sont développées d’abord à la périphérie de l’Europe (Espagne, Grèce) puis en son cœur.
Mais, dire cela ne suffit pas pour construire une stratégie. Il faut passer du constat, qui aujourd’hui n’est guère plus contestable, à la définition d’une stratégie. Cette dernière doit viser simultanément à élargir de manière fondamentale l’espace politique de la force qui l’adopte, en lui permettant de mordre largement sur des franges électorales qu’elle ne pouvait toucher auparavant, de gagner une forme d’hégémonie politique lui permettant de redéfinir les priorités politiques mais aussi les catégories politiques utilisées bien au-delà de son propre espace, enfin de rendre possible les alliances tactiques, autrement dire les glissements de vote de franges de l’électorat qui, quoiqu’en conflit avec les ordres de priorité de la force politique, seront amenées à préférer son succès à celui d’une autre force dans le cadre d’une élection au scrutin majoritaire à deux tours. Pour cela, une stratégie populiste se doit de construire le « peuple » comme figure centrale, renvoyant les autres forces à la défense d’intérêts particuliers ou à l’image de forces sectaires.
Ainsi, des formules comme le « peuple de gauche » sont inadéquates à ce projet. Une stratégie populiste cohérente ne cherche pas spécialement à unir « la gauche » (c’est en réalité un effet dérivé de cette stratégie) mais vise à la construction d’un discours construit sur l’opposition « eux/nous ». Pour y aboutir encore faut-il présenter le « nous » comme correspondant à la notion de Peuple qui est historiquement associée à celle de Nation. Encore faut-il, pour que ce projet soit cohérent, définir le Peuple comme une communauté politique, définies par des règles, et susceptible d’englober tous ceux qui acceptent ces règles et se reconnaissent dans une histoire commune. De ce point de vue une stratégie populiste cohérente va bien au-delà des formules politiques. Elle implique une vision de l’espace politique définit à travers la souveraineté de la Nation qui est mise en œuvre par la souveraineté populaires et des règles organisatrices de l’existence du Peuple (comme le mérite ou la laïcité) mais aussi une forme de réappropriation du récit (et non du roman) national.

Populisme et ruptures

Dans la période actuelle il est clair qu’une telle stratégie a bien des avantages sur une stratégie dite « d’union », qu’il s’agisse de l’union des gauches ou de l’union des droites. La première continue d’être défendue par deux partis-zombis, le PCF et le PS, et la seconde par divers personnages politiques que ce soit chez les Républicains, mais aussi par Nicolas Dupont-Aignan. Cette stratégie d’union est sous-tendue par l’hypothèse que le champ politique est structuré par des forces politiques qui contrôlent bien l’électorat et qui se définissent autour de valeurs (qu’elles soient sociétales ou économiques et sociales) clairement reconnaissables. Elle implique donc une relative stabilité de l’électorat et des partis dans lesquels il s’incarne. Mais, la montée de l’abstention, tout comme la montée simultanée d’un groupe important d’électeurs qui modifient leurs votes d’élection en élection, bat en brèche cette hypothèse. Ces deux phénomènes, qui considérés simultanément sont largement majoritaires dans l’électorat, signifient l’épuisement du potentiel de toute stratégie dite d’union. Cela fait des stratégies populistes les seules stratégies possibles si tant est que l’on veuille réellement arriver au pouvoir et exercer ce dernier.
La définition d’une stratégie populiste viable et cohérente impose comme on l’a dit de faire du Peuple le centre tant des représentations que des projets d’action. Mais, cela implique pour chaque force qui voudrait ainsi se positionner de rompre avec une partie du discours sur lequel elle s’est construite.
Pour une force de droite, cela impliquerait de reconnaître la portée des luttes sociales qui se mènent aujourd’hui et qui constituent l’un des fronts du combat contre l’oligarchie. Disons-le, les dernières déclarations de M. Wauquiez ou de Mme le Pen ne vont pas dans ce sens[6]. Elles démontrent une incapacité à comprendre ce qui se joue dans des luttes certes encore éclatées, certes pouvant avoir des aspects caricaturaux (et pouvant abriter des comportements anti-démocratiques), mais qui néanmoins sont décisives pour la constitution d’un grand mouvement social. L’emploi par les représentants du pouvoir de groupes mercenaires pour attaquer ces mouvements, comme on l’a vu il y a quelques jours à Montpellier, est bien une indication de l’extrême sensibilité de ce dit pouvoir à ces luttes. De même, la quasi-absence de Mme le Pen du combat pour la liberté d’expression, un combat qui se concentre aujourd’hui sur la question de la loi sur les informations fausses (les fake news) et qui vise à défendre tous les médias non-officiels (du Média à RT en passant par TV-libertés) montre une incompréhension de ce qui se joue dans l’établissement d’un néo-Maccarthisme, que ce soit dans l’idéologie ou dans les méthodes. On ne rappellera jamais assez que la défense de la liberté d’expression, une liberté fondamentale, passe par celle des personnes qui ne pensent pas comme nous.
Pour une force issue de la gauche, comme la France Insoumise, cela implique d’affronter la question de l’identité ainsi que celle des frontières. Compte tenu de la très grande hétérogénéité de la base de constitution de la France Insoumise, hétérogénéité qui fait aussi sa force il convient de le noter, cela ne s’annonce pas facile. La question desfrontières est évidemment très symbolique. Elle s’attaque à une conception de l’internationalisme qui est en réalité un a-nationalisme et qui souvent rejette la Nation au profit de communautés mythiques. Reconnaître la nécessité des frontières et leur rôle décisif dans la délimitation d’un espace politique où pourrait s’établir la démocratie est un pas fondamental. Une fois qu’il est franchi et assumé rien n’empêche que l’on traite humainement les migrants. Mais, le devoir d’humanité doit prendre en compte le devoir de démocratie, et ce dernier exige la présence de frontières. Une rupture nette, ici, avec ce que l’on peut appeler le « sans-frontiérisme » s’impose. Il convient ici de rappeler que la question de la souveraineté est absolument essentielle et qu’elle impose une rupture nette.

Le populisme et la question de l’identité

Mais, au-delà de la rupture avec le « sans-frontiérisme », c’est bien la question de l’identité qui incarne une bonne partie du chemin qu’il reste à parcourir à la France Insoumise pour accomplir sa mue populiste.
On partage ici certaines des analyses de Chantal Mouffe et d’Ernesto Laclau, qui ont théorisé l’alternative populiste. Construire le Peuple comme sujet et acteur conscient des processus sociaux et des combats politiques implique de créer une volonté collective qui va au-delà des demandes sociales, des revendications catégorielles, et de la diriger contre les dominants, contre l’oligarchie. Ce procès de construction du Peuple englobe bien entendu la question de la lutte des classes mais il ne s’y réduit pas. Il convient alors de comprendre ce qui fait le peuple, c’est à dire l’histoire, c’est à dire aussi l’intégration de certaines institutions et de leurs effets (on pense en particulier aux services publics), c’est à dire, enfin, la nature profondément politique de ce procès, une nature qui inclut la question du mérite et qui fait figurer bien haut la question de la laïcité[7]. La question de l’identité est donc profondément présente avec celle de la construction du Peuple. Or, sans peuple, il ne saurait y avoir de souveraineté. La question est donc un projet de gauche ainsi que le dit Chantal Mouffe qui parle de «reformuler l’idéal socialiste en termes de radicalisation de la démocratie »[8], mais c’est aussi un projet qui vise à la mobilisation des victimes, qu’elles soient directes ou indirectes, de l’ultralibéralisme. Il implique donc un rassemblement qui aille au-delà de la gauche, un rassemblement qui vise à obtenir la fameuse «hégémonie culturelle», dont parlait Gramsci. Il s’agit ici d’assumer la stratégie populiste comme celle de la construction d’un « bloc historique ».
Il faut revenir sur la constitution du Peuple et sur le rôle de l’histoire. Certains voudraient que l’histoire de la souveraineté populaire commence en 1789. Mais, c’est faux, et c’est même un contre-sens[9]. La notion de souveraineté populaire se retrouve dès la Rome républicaine[10], avec la fameuse formule Senatus PopulusQue Romanum[11]. Ainsi, le mépris dans lequel certains des responsables de la France Insoumise semblent tenir tout ce qui est antérieur à 1789 n’est pas seulement absurde du point de vue de la construction de la Nation et de son identité, mais se révèle de plus d’une maladresse insigne..
Par contre, ce qui distingue une vision de l’identité « de droite » d’une vision historique qui doit être reprise par toute stratégie populiste, c’est l’identification du Peuple à des racines ethniques et (ou) religieuse. Or, on sait depuis plus de vingt ans que les « Gaulois » ne sont nullement distinct ethniquement des « Germains », mais que leur identité provient en réalité des institutions politiques qu’ils se sont données, l’oppidum, sur le modèle de la cité grecque et romaine. L’identité est donc une construction historique, certes une construction dans le temps long, mais néanmoins une construction. Ce sont donc les principes et les règles politiques qui ont servi à cette construction qui importent, c’est aussi la mémoire des institutions et des luttes qui furent menées pour les construire[12], qui définissent de fait qui va faire partie du Peuple et qui s’en exclut.

Retour sur la tactique

Cette question du choix de la stratégie n’épuise pas le problème de la tactique. Une fois une stratégie populiste adoptée se posera néanmoins le problème des alliances et des reports électoraux. Mais, ils se poseront dans des termes qui ne seront pas manipulatoires. Car, rien n’est moins crédible que de se crêper le chignon pendant tout une campagne électorale (et même avant) pour faire dans l’entre-deux tours des appels du pieds plus ou moins adroits. De fait, la logique du combat politique veut naturellement que l’on mette en avant les différences (et ses propres spécificités) jusqu’à la veille du premier tour. Mais, il y a manière et manière de la faire. Des déclarations tonitruantes et sectaires avant le premier tout ne sont certes pas la meilleure manière d’obtenir des bons reports lors du second tour.
Une stratégie populiste cohérente, qui se pose donc naturellement la question de la tactique et des reports, implique que les principaux coups doivent être réservés à l’adversaire réel, on dira ici en un clin d’œil au cinquantenaire de mai 1968 qui avait vu la mobilisation d’un vocabulaire « maoïste », l’ennemi principal. Cet ennemi principal, c’est bien entendu l’oligarchie, que ce soit dans sa déclinaison française ou dans sa déclinaison bruxelloise (et l’on voit à travers des trajectoires individuelles, comme celle de Pierre Moscovici à quel point elles se confondent et se fusionnent). Cette stratégie cohérente impose certaines formes de restreinte dans la polémique envers qui ne représente pas cette oligarchie. Non que la polémique ne doive pas exister. Une stratégie cohérente considère que montrer les contradictions des autres stratégies est important, que ce soit pour valoriser ses propres positions ou pour provoquer un changement dans des forces concurrentes. Mais, cette polémique qui vise des forces concurrentes doit alors absolument être maîtrisée et contrôlée ; elle doit éviter les formulations sectaires et les formules injurieuses. L’électeur a de la mémoire. Il se souviendra – et on le lui rappellera – les formules méprisantes et les injures. Dès lors, céder à la facilité, devient la meilleure façon d’invalider en tactique une stratégie. C’est faire, justement, le jeu de l’oligarchie, de l’ennemi principal…
[2] Voir l’article du Devoir du 9 mars 2018, « Vous avez dit «populiste»? »http://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/522254/vous-avez-dit-populiste
[4] Voir Sapir Jacques, La Démondialisation, Paris, Le Seuil, 2010.
[5] Voir Mouffe Chantal et Inigo Errejon, Construire un peuple, Pour une radicalisation de la démocratie, Paris, Le Cerf, 2017.
[6] Par exemple sa déclaration identifiant le mouvement étudiant avec les punks à chiens, déclaration ridicule pour qui connaît l’importance de certaines assemblées générales.
[7] Sur ce point je renvoie le lecteur à Sapir Jacques, Souveraineté, Démocratie, Laïcité, Paris, Michalon éditeur, 2016 et Bourdin Bernard et Sapir Jacques, Souveraineté, Nation, Religion, Paris, Le Cerf, 2017.
[8] Citée par Bertrand Renouvin in « Populisme de gauche : questions de stratégie »http://www.bertrand-renouvin.fr/populisme-de-gauche-questions-de-strategie/
[9] N’en déplaise à Alexis Corbière.
[10] Voir Nicollet Claude, « Polybe et la ‘constitution’ de Rome » in C. Nicollet (dir),Demokratia et Aritokratia. A propos de Caius Gracchus : mots grecs et réalités romaines, Paris, Presse de la Sorbonne, 1983
[11] Voir Bretone Mario, Histoire du droit romain, Paris, Editions Delga, 2016
[12] A. Bentley, The Process of Government (1908), Evanston, Principia Press,1949

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