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samedi 21 avril 2018

Facebook prive 1,5 milliard d'utilisateurs du droit européen sur les données


21 avril 2018

Facebook prive 1,5 milliard d'utilisateurs du droit européen sur les données

Le réseau social américain va changer ses conditions d'utilisation

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Facebook, contrairement à ce qu'a laissé entendre son patron, Mark Zuckerberg, ne compte pas appliquer la nouvelle loi européenne sur les données personnelles de manière uniforme dans le monde entier. Au contraire : le réseau social s'apprête – selon des informations de l'agence Reuters, jeudi 19  avril, confirmées par l'entreprise – à priver plus de 1 milliard et demi de ses utilisateurs des nouveaux droits qu'offre le règlement général sur la protection des données (RGPD) adopté par l'Union européenne (UE).
Actuellement, les utilisateurs de Facebook résidant aux Etats-Unis ou au Canada sont sous l'égide du droit américain en matière de données personnelles. Tous les autres utilisateurs, dans le monde entier, font affaire avec Facebook Irlande, où le droit européen – déjà très protecteur, même avant le RGPD – prévaut en théorie.
" Mêmes protections partout "D'ici un mois, Facebook va changer ses conditions d'utilisation pour que ses membres situés hors de l'UE et de l'Amérique du Nord soient eux aussi dépendants du siège de Facebook. Cette opération, explique Reuters, ne change rien pour les 239  millions d'utilisateurs nord-américains, pas plus que pour les 370  millions d'inscrits en Europe, qui resteront protégés par le droit de l'Union, musclé à partir du 25  mai par le RGPD. Pour le milliard et demi d'utilisateurs en Amérique du Sud, en Afrique, en Asie et en Océanie, en revanche, c'est désormais le droit américain sur les données personnelles, quasi inexistant, qui s'appliquera. En prenant ces précautions, le réseau social entend éviter que les utilisateurs puissent faire jouer le droit européen qui prévoit, entre autres, des amendes massives en cas de fraude.
Après le scandale Cambridge Analytica, cette entreprise britannique qui a siphonné les données personnelles de millions d'utilisateur du réseau social, M. Zuckerberg avait déclaré aux journalistes début avril : " Tous les réglages et les paramètres - de confidentialité - seront les mêmes dans le monde entier, pas seulement en Europe. "Une promesse qu'il avait répétée quelques jours plus tard au Sénat américain.
Facebook a justifié auprès de Reuters sa décision par les exigences de formulation des conditions d'utilisation que requiert le RGPD et affirmé appliquer " les mêmes protections partout ", que vous soyez rattaché à Facebook Irlande ou à son siège mondial. Il faut lire entre les lignes : les réglages, les paramètres et les " protections " seront peut-être harmonisés au niveau mondial. Mais ce n'est pas la partie la plus cruciale du RGPD, celle qui permettra aux utilisateurs de faire valoir leurs droits aux autorités européennes de contrôler Facebook et d'infliger des amendes.
Hors d'Europe, le réseau social compte bien se mettre le plus possible à l'abri des aspects les plus répressifs de la nouvelle loi européenne. L'entreprise a fait fortune avec la publicité ciblée : elle sait aussi parfaitement cibler les juridictions qui lui sont favorables.
Martin Untersinger
© Le Monde

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