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dimanche 18 mars 2018

PS : les trois chantiers d'Olivier Faure.....L'aile gauche déplumée......




18 mars 2018

PS : les trois chantiers d'Olivier Faure

Le futur premier secrétaire doit relever le parti, faire revenir les militants et préparer les prochaines élections

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Renaissance. Olivier Faure a placé la barre haut, pendant la campagne du 78e congrès du Parti socialiste, répétant ce mantra à l'envi, jusqu'à en faire le titre de son texte d'orientation no 3, " Socialistes, le chemin de la renaissance ". Largement plébiscité jeudi soir lors du premier tour où il s'est qualifié avec 48,56  % des voix, M.  Faure doit désormais être à la hauteur de son ambition. Il prend la tête d'un parti au bord du précipice après deux défaites électorales cinglantes, à la présidentielle et aux législatives de 2017.
M.  Faure devra d'abord prouver aux militants qu'il les place effectivement au cœur de l'appareil socialiste, comme il l'a martelé pendant sa campagne. Son projet était celui qui faisait la part belle à une " méthode de refondation " pour rénover le PS " du sol au plafond ". Le député de Seine-et-Marne a promis de " renouveler les profils ", de décentraliser le parti et d'associer les militants aux prises de décision et à l'émergence d'idées nouvelles, notamment avec la mise en place d'une plate-forme en ligne, sorte de " laboratoire " du PS.
" Nous ne serons pas un parti vertical, ce sera un bouleversement dans notre propre organisation ", a réaffirmé M. Faure vendredi après-midi, lors de sa première déclaration à la presse après son élection, rue de Solférino, à Paris. " Je veux faire confiance à de nouveaux talents, de nouveaux visages, construire de nouvelles idées avec les citoyens et le mouvement social dans toutes les villes et les villages de France ", a lancé le futur premier secrétaire, tout en refusant de se fixer une échéance pour évaluer le bilan de ses premières mesures. " Cela doit être l'œuvre de tous les jours ", a-t-il estimé.
Eviter l'hémorragieAutre enjeu pour l'ancien collaborateur de Jean-Marc Ayrault à l'Assemblée nationale, parvenir à donner de la voix au PS, quasiment inexistant dans le débat -public depuis la démission de l'ancien premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis, en juin  2017. Souvent critiqué pendant la campagne pour son supposé manque de charisme, M.  Faure devra s'imposer face aux poids lourds de l'opposition que sont Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen ou Laurent Wauquiez. Il aura également pour tâche de rendre lisible la ligne du parti, divisé entre les tenants de la social-démocratie et les antilibéraux, certes minoritaires mais de plus en plus tentés par Génération.s, le mouvement de Benoît Hamon.
M.  Faure s'est toujours refusé à toute " clarification ", préférant la voie du " rassemblement ". " Il y a des questions que l'on peut -résoudre à plusieurs, la diversité est un atout pour redevenir le premier parti de la gauche ", a-t-il déclaré, vendredi après-midi, tendant ouvertement la main à -Emmanuel Maurel, tenant de l'aile gauche et arrivé troisième lors du -premier tour avec 18,98  % des voix. " Etre d'accord avec Emmanuel Maurel, ce n'est pas un crime. Il aura sa place ", a promis le président du groupe Nouvelle Gauche à l'Assemblée nationale.
Reste à savoir si le député européen acceptera son offre, lui qui n'a cessé de vilipender le bilan de François Hollande pendant la campagne. " Le renouveau ne pourra venir que d'une clarification de notre orientation et d'un profond renouvellement de notre projet ", a réagi M.  Maurel dans un communiqué vendredi, laissant peu de place à un compromis.
Autre défi auquel sera confronté M.  Faure dans les prochains mois : éviter une trop importante fuite des militants ou des cadres vers La République en marche (LRM) ou le mouvement de M.  Hamon. Pendant le quinquennat de François Hollande, M.  Faure s'est régulièrement positionné entre la ligne des frondeurs et celle des légitimistes, proposant des amendements de rassemblement au groupe socialiste, comme sur la déchéance de nationalité ou sur la loi El Khomri. Son art de la synthèse, ses capacités d'écoute et sa façon de faire vivre le débat au  sein du groupe Nouvelle Gauche, reconnus par ses collègues députés, lui seront utiles dans ses nouvelles fonctions.
Il s'agit également pour M.  Faure de faire revenir les nombreux militants qui ont suivi les pas des deux finalistes de la -primaire de gauche pour la présidentielle, Manuel Valls et Benoît Hamon. Jeudi soir, 37 000 personnes ont voté ; c'est l'un des -pires scores de participation dans l'histoire des congrès -socialistes et le nombre de 102 000 adhérents revendiqués est bien loin de celui de 500 000 que se fixait M. Cambadélis en prenant la tête du PS en  2014.
Vendredi après-midi, M.  Faure s'est fixé pour priorité de réussir les prochaines échéances électorales, à commencer par les élections européennes de 2019. Le futur premier secrétaire entend faire du congrès d'Aubervilliers, les 7 et 8  avril, le premier acte de cette reconquête, un an avant le scrutin. " Je veux que le congrès soit le démarrage de la reconquête des esprits et des cœurs sur la question européenne ", a-t-il annoncé.
PrudenceLa difficulté pour l'ancien directeur de cabinet adjoint de François Hollande sera de l'emporter lors d'un scrutin historiquement compliqué pour les socialistes, depuis leur division de 2005, au moment du référendum sur la Constitution européenne. " Je vais dialoguer avec l'ensemble des forces de gauche, comme je le fais depuis neuf mois à  l'Assemblée nationale "a promis M. Faure, qui a déposé plusieurs recours devant le Conseil constitutionnel avec le groupe communiste et celui de La France insoumise. Il a également évoqué sa proximité avec M.  Hamon, qui était son colocataire quand ils étaient étudiants et soutiens de Michel -Rocard à la fin des années 1980. " J'ai de l'amitié pour Benoît. Il y a des choses qui ne s'oublient jamais ", a-t-il glissé aux journalistes, avec une pointe d'émotion.
Pour autant, M.  Faure s'est montré prudent sur la question d'éventuels rapprochements avec les autres formations de gauche, se refusant à " aller chercher des alliances qui n'auraient aucun sens " et affirmant : " Il n'y a pas de remplaçant pour le PS. " La question se posera tout de même pour les élections municipales de 2020, véritable test pour le PS, alors que certains barons locaux n'excluent pas, en coulisses, de créer des alliances de -circonstances avec LRM.
M.  Faure prend la tête d'un parti en profonde crise, notamment économique. Après les défaites électorales de 2017, le PS a perdu les deux tiers de son budget et a dû vendre son siège historique de la rue de Solférino. Plus de la moitié du personnel a été licencié, laissant une maison quasiment vide. Le futur premier secrétaire aura pour mission de trouver de nouveaux locaux, plus de trente ans après l'acquisition de ces 3 000 mètres carrés,en  1981. L'occasion de tourner la page et, peut-être, d'entamer une renaissance.
Astrid de Villaines
© Le Monde


18 mars 2018

L'aile gauche déplumée

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Tout ça pour ça ! Après Benoît Hamon, éliminé le 23  avril 2017 de la compétition présidentielle avec un score historiquement faible (6,35  % des suffrages exprimés), c'est au tour d'Emmanuel Maurel de subir un échec cuisant. Le député européen, chantre de la rupture au sein du Parti socialiste, s'est retrouvé largement distancé jeudi 15  mars par Olivier Faure et -Stéphane Le Foll, deux représentants du pôle social-démocrate, dans la course à la présidence du parti.
Emmanuel Maurel et Benoît Hamon ont en commun d'avoir fait partie des frondeurs sous le précédent quinquennat. Tous deux ont dénoncé la dérive " sociale-libérale " de François Hollande, combattu pied à pied les derniers textes emblématiques du quinquennat : la loi Macron comme la loi El Khomri. La défaite historique du président sortant, placé dans l'incapacité de se représenter, combinée à l'élimination de Manuel Valls, le premier ministre qu'ils avaient ardemment combattu, lors de la primaire socialiste, auraient pu leur donner de l'oxygène et c'est tout le contraire qui s'est produit. A la présidentielle, Benoît Hamon a flirté avec le score calamiteux de Gaston Defferre en  1969 (5,01  %) et aujourd'hui le Parti socialiste, ou plutôt ce qu'il en reste, n'a jamais été aussi social-démocrate.
A eux deux, Olivier Faure et -Stéphane Le Foll engrangent 74,6 % des suffrages des militants, avec une prime au premier, qui a eu l'habileté de se démarquer du bilan de François -Hollande sans le renier complètement, tandis que le second restait identifié au président sortant.
Vraie dérouteL'aile gauche du parti est, elle, cantonnée à 25  %, divisée entre les troupes d'Emmanuel Maurel (18,98  %) et celles de Luc Carvounas (6,36 %). C'est une vraie -déroute, car les lendemains de défaite lui sont en général -favorables : en  2002, c'est sur les décombres du jospinisme qu'était né, autour d'Arnaud Montebourg, de Julien Dray et de Vincent Peillon, le Nouveau Parti socialiste, un courant qui prônait l'ancrage à gauche contre le -social-libéralisme et l'émergence d'une VIe  République.
Au milieu des ruines, c'est ce trio qui créait l'événement alors qu'aujourd'hui, dans le désastre ambiant, la dynamique est du côté du sage Olivier Faure, qui prétend incarner la " renaissance " du Parti socialiste autour du double thème de la " gauche responsable " et de la " loyauté ". Il est vrai qu'entre-temps un triple séisme s'est produit : une masse conséquente d'électeurs a voté pour Emmanuel Macron. Dans la foulée, deux pans entiers du Parti socialiste ont fait sécession : l'aile sociale-libérale incarnée par Manuel Valls et une partie de l'aile gauche derrière Benoît Hamon.
C'est cette série de cataclysmes qui a précipité la clarification à laquelle on assiste aujourd'hui : -réduits à la portion congrue, les militants socialistes s'affirment réformistes, européens et antifronde. Ils ont tout à reconstruire, ne savent pas s'ils pourront un jour redevenir le pôle d'attraction de la gauche, mais ils savent qui ils sont et c'est déjà beaucoup.
par Françoise Fressoz
© Le Monde

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