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dimanche 21 janvier 2018

La France veut un accord d'association entre l'UE et la Palestine


21 janvier 2018

La France veut un accord d'association entre l'UE et la Palestine

La proposition française suscite la controverse à Bruxelles, mais  cherche à rassurer les Palestiniens face aux décisions de Trump

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Un débat agitait la diplomatie européenne avant la visite à Bruxelles, lundi 22  janvier, du président palestinien, Mahmoud Abbas, convié à un déjeuner de travail avec les ministres des affaires étrangères des Vingt-Huit. Cette rencontre intervient après la venue dans la capitale belge du premier ministre -israélien, Benjamin Nétanyahou, le 11  décembre.
La France, soutenue par plusieurs capitales mais pas certaine de convaincre la totalité de ses partenaires, espère envoyer un " signal positif " à M. Abbas en lui promettant la perspective d'un accord d'association avec l'UE. Une mesure symbolique alors que les relations entre les Palestiniens et Washington sont au plus bas : M.  Abbas refuse désormais toute médiation américaine avec Israël, après la reconnaissance unilatérale de Jérusalem par l'administration Trump comme capitale d'Israël, le 6  décembre 2017. Les Etats-Unis, en retour, exercent une -pression financière : ils ont gelé une partie de leur contribution (65  millions de dollars, soit 53  millions d'euros, sur 350) à l'UNRWA, l'Office de l'ONU pour les réfugiés palestiniens au Proche Orient.
Les accords d'association régissent la coopération entre l'Union européenne et des pays tiers dans différents domaines (le commerce, la politique, la sécurité, etc.). Ils sont, en principe, conclus avec des Etats, or la Palestine n'en est pas un aux yeux d'une majorité de pays membres – dont la France. Neuf d'entre eux seulement (Suède, Pologne, République tchèque, Portugal, Hongrie, Bulgarie, Roumanie, Malte et Chypre) l'ont reconnue comme telle. La Palestine dispose d'un statut d'observateur auprès de l'ONU, dont elle n'est pas officiellement membre.
Paris souligne qu'un tel accord a été conclu avec la République du Kosovo, qui n'est pas non plus reconnu par l'ensemble de la communauté internationale. Et ajoute qu'aucun obstacle juridique ne peut entraver ce qui n'est qu'une ébauche puisque la négociation et l'adoption de telles dispositions nécessitent plusieurs années.
" Ramener Abbas à la raison "Il n'empêche, la pression exercée par Paris indispose certaines capitales. Londres manifeste des réticences, même à l'égard d'une simple déclaration. La Grande-Bretagne pourrait être appuyée par la Pologne, la Hongrie ou la République tchèque qui se sont abstenues aux Nations unies, le 21  décembre 2017, lors du vote de la résolution condamnant la reconnaissance par Washington de Jérusalem comme capitale d'Israël.
D'autres pays jugent, en revanche, " plus qu'intéressante ", selon un diplomate, l'initiative française. " Il faut adresser un signal à  Abbas pour mieux appuyer nos demandes ". Parmi celles-ci, la nécessité pour l'Autorité palestinienne d'améliorer sa gestion, d'affirmer son autorité et de " reprendre pied " à Gaza. Mais aussi de ne pas rompre tous les ponts avec Washington, quels que soient ses griefs et ses critiques.
Après la polémique sur le budget de l'UNRWA et les reproches de M. Trump, qui accuse l'Autorité -palestinienne de refuser la négociation avec Israël, M.  Abbas a -menacé de ne plus reconnaître les Etats-Unis comme médiateurs." On demandera à Abbas de ne pas claquer la porte, et de nous aider à l'aider ", poursuit un diplomate.
En clair, il s'agirait d'éviter que le dirigeant palestinien quitte une nouvelle fois Bruxelles avec de simples promesses et l'assurance, un peu vaine, que les Vingt-Huit continuent de défendre l'idée d'une solution à deux Etats. D'autant qu'il devrait surtout réclamer une augmentation de la contribution de l'UE à l'UNRWA et poser la question d'une reconnaissance, par l'ensemble de l'UE, de l'Etat palestinien. C'est parce qu'une réponse collective sur ce dernier point ne peut pas lui être apportée, faute d'unité européenne, que Paris a imaginé l'hypothèse d'un accord d'association.
S'il réclame davantage d'argent, le président se verra surtout rappeler que l'Union octroie chaque année 300  millions d'euros à l'Autorité palestinienne, un montant qu'elle soumet actuellement à un examen pour voir s'il peut être augmenté mais, surtout, s'il est correctement utilisé.
La volonté de la France de jouer un rôle-clé est confirmée par la presse israélienne, qui a rapporté qu'Aurélien Lechevallier, un conseiller d'Emmanuel Macron, avait été dépêché auprès de la direction palestinienne pour essayer de calmer sa colère. Paris nie agir à la demande de Washington : certaines sources évoquent la nécessité de " ramener Abbas à la raison " et une " continuité " dans les contacts noués par M. Macron depuis la visite de M. Abbas à Paris, le 22  décembre, puis la réception d'une délégation du Fatah, le 5  janvier.
Jean-Pierre Stroobants, avec Piotr Smolar (à Jérusalem)
© Le Monde

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