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samedi 20 janvier 2018

Congrès PS : Martine Aubry adoube Olivier Faure....on craint le trop-plein de candidatures


20 janvier 2018

Congrès PS : Martine Aubry adoube Olivier Faure

La maire de Lille, dont l'influence s'est réduite, apporte son soutien au chef du groupe socialiste à l'Assemblée

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Elle est sortie de son silence ce jeudi 18  janvier, lors des vœux à la presse organisés à Lille. Multipliant les piques contre la politique d'Emmanuel Macron, Martine Aubry s'est aussi exprimée sur l'élection du futur premier secrétaire du Parti socialiste (PS), juste avant le congrès des 7 et 8  avril : pour elle, ce sera Olivier Faure. Car la maire de Lille est " convaincue par les convictions " de son ancien attaché parlementaire, qui " refuse les accords d'appareil et les combines " et " veut remettre le parti au travail ".
Martine Aubry a donc choisi son candidat, mais que pèse encore l'" aubrysme " dans le parti ? " On ne parle plus d'aubrystes, de vall-sistes, de strauss-kahniens ou de fabiusiens, confie-t-elle. Les courants du PS, c'est fini. Heureusement, tous ceux qui les dirigeaient sont un peu comme moi : dans la dernière partie de leur vie politique. "
Ils sont pourtant nombreux au PS à continuer à penser que sa voix porte toujours. " Martine Aubry n'a jamais eu un courant à proprement parler, à la différence de Fabius ou Strauss-Kahn, et elle n'a jamais eu de réseau très structuré, plutôt un ensemble d'individualités autour d'elle comme François Lamy, Jean-Marc Germain ou Christian Paul, explique Rémi Lefebvre, professeur de sciences -politiques à l'université Lille-II. Mais elle a toujours une espèce d'aura qui joue un peu sur la rareté de ses interventions publiques. "
" Comme une murène "Depuis juin  2017, la maire de Lille a été médiatiquement peu présente. Les Français la placent assez haut dans les différents baromètres politiques. Première secrétaire de la fédération PS du Nord, Martine Filleul lui reconnaît " une audience importante auprès des Français à un moment où les socialistes ne sont plus audibles ".
Une audience liée en partie à son action de ministre du gouvernement Jospin. " L'aubrysme, c'est une certaine idée de la gauche basée sur l'égalité, la justice sociale, les réformes ", explique Patrick Kanner, qui fut un temps l'un de ses proches avant d'être mis à l'écart, à la suite de son entrée au gouvernement de Manuel Valls en  2014, où il fut ministre de la ville. Un socialisme fondé sur une ligne idéologique démocrate-chrétienne qui s'appuie sur ce qu'elle a réalisé en tant que ministre : la CMU (couverture maladie universelle), les emplois-jeunes, les 35  heures, etc.
La fille de Jacques Delors est également reconnue pour son travail mené à la tête du PS, de fin 2008 à 2012. " Elle a été une très bonne secrétaire, elle a remis les gens au boulot, elle nous a rassemblés, alors que ce n'était pas facile ", raconte le député européen Gilles Pargneaux, ancien lieutenant de Martine Aubry, lui aussi banni depuis son rapprochement avec les positions du président Macron.
Mais depuis le quinquennat de François Hollande et les défaites électorales successives du PS, les rangs des aubrystes se sont éclaircis. Des proches de Martine Aubry ont perdu leur écharpe de député en 2017, comme Jean-Marc Germain, Anne-Lise Dufour ou François Lamy, quand d'autres avaient déjà perdu leur poste de maire comme Adeline Hazan à Reims, en  2014. Idéologiquement, Martine Aubry a lancé plusieurs réflexions autour d'une gauche -sociale et solidaire à travers les mouvements Réussir, Renaissance ou le Carrefour des gauches, aujourd'hui en veille.
De sa génération, tous les anciens ministres de Jospin (Dominique Strauss-Kahn, Elisabeth Guigou, Marylise Lebranchu, etc.) ont quitté les responsabilités. Sauf elle. A moins de trois mois du congrès, difficile de quantifier le nombre d'aubrystes. " Qui pèse quoi ? Difficile à dire, estime la sénatrice du Nord Martine Filleul. Beaucoup de camarades sont partis, mais on ne sait pas, en termes de sensibilité, qui est ce noyau dur qui est resté. " Certains ont rejoint Génération.s de Benoît Hamon, d'autres ont préféré se rapprocher de La  République en marche d'Emmanuel Macron, comme le secrétaire d'Etat Olivier Dussopt ou le sénateur et ancien maire d'Hellemmes Frédéric Marchand – encore un élu rayé du cercle d'Aubry. " L'aubrysme n'existe plus, c'est évident, tranche Gilles Pargneaux, toujours membre du PS mais partisan d'une -sociale-démocratie comme aiguil-lon social de la majorité présidentielle. Au niveau national, les lieutenants sont réduits à peau de chagrin. Une page est tournée. "
Pour l'un de ses fidèles bras droits, François Lamy, la question n'est pas de se compter." On n'a jamais été nombreux, dit-il. Physiquement, on représentait 30 % de la majorité dans les instances au dernier congrès. " Ce qu'il retient, c'est que l'aubrysme restera une référence dans la manière de faire de la politique. " L'aubrysme est né en  1997, avec la création du mou-vement Agir, puis de Réformer, autour de 70 parlementaires, se souvient l'ancien député. Ensuite, il y a eu la période où elle est devenue première secrétaire. Là, c'était l'image de l'autorité, la défense des valeurs, une certaine façon de faire de la politique. " Autour d'un leitmotiv : valeurs et convictions. Ce que Martine Aubry retrouve dans la candidature d'Olivier Faure. " Désormais, il faut faire du totalement neuf, ajoute l'ancien ministre François Lamy. De nouveaux courants vont apparaître, mais dans les partis de gauche, Martine Aubry reste une référence. Nous, aubrystes, on peut parler à tous les responsables de la gauche, politiques et syndicalistes. "
Jeudi, la maire de Lille a souhaité que le PS retrouve la confiance des Français en tirant le bilan du quinquennat Hollande, puis en se positionnant clairement vis-à-vis d'Emmanuel -Macron et, enfin, en construisant un grand projet autour d'une social-démocratie de gauche. " Il faut remettre tout le monde en marche en discutant et en avançant ", a-t-elle insisté.
A Lille aussi, les aubrystes sont de plus en plus discrets. En perdant la présidence de la métropole européenne de Lille et la mainmise sur la fédération PS du Nord, la maire de Lille a perdu de l'influence. Mais beaucoup connaissent ses capacités à rebondir. " C'est une femme d'Etat qui a une vie politique majeure, confie un parlementaire socialiste. Il vaut mieux l'avoir avec soi que contre soi. " Au PS, chacun connaît son pouvoir de nuisance. Même si c'en est fini des courants et de l'aubrysme, Martine Aubry n'a pas pour autant annoncé qu'elle cesserait de s'exprimer. " Elle est comme une murène, sourit le parlementaire PS. Elle sort de son trou, elle mord et elle revient dans sa grotte. " Hier, c'était la politique d'Emmanuel Macron qui a été mordue.
Laurie Moniez
© Le Monde



20 janvier 2018

Au PS, on craint le trop-plein de candidatures

Une centaine de responsables invitent Olivier Faure, Luc Carvounas et Stéphane Le Foll à s'unir

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Attention, trop de candidats peuvent nuire à un congrès du Parti socialiste. C'est en substance le message délivré dans une lettre signée par une centaine de responsables fédéraux et nationaux ? dont Rachid Temal, coordinateur national du PS ? rendue publique mercredi 17  janvier par Libération. Ce texte de deux pages prend acte de la division de la majorité sortante avant le congrès des 7 et 8  avril à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) et invite les trois candidats qui en sont issus (Luc Carvounas, Stéphane Le Foll et Olivier Faure) à " se retrouver pour constituer une vraie majorité " à l'issue du vote des militants le 29  mars.
En clair : si l'ancienne motion A a échoué à trouver une candidature unique la représentant, il faut absolument que les trois hommes s'entendent après le vote pour arriver au congrès en position de force. Et garder la main sur le parti. " Si vos candidatures ont provoqué un regain d'attention pour le PS, -elles ne peuvent porter que sur le fond et ne doivent pas se transformer en conflits de personnes qui nous ont tant abîmés ", peut-on ainsi lire dans la lettre. " On a toujours fait les choses ensemble, pourquoi se diviser aujourd'hui ? Le parti n'a pas besoin de ça… ", se désole un des auteurs de la lettre, qui souhaite garder l'anonymat.
Sur le fond, peu de chose sépare les trois socialistes. Certes, Luc Carvounas est celui qui est le plus clair sur les futures alliances du PS. Le député du Val-de-Marne se présente comme le candidat de " l'union de la gauche " et insiste sur sa clarté d'opposant à Emmanuel Macron : " Je n'ai voté ni la confiance ni la loi antiterroriste. "Comprendre : les deux autres sont " macroncompatibles ". C'est surtout une manière pour M. Carvounas de se débarrasser de son image d'ancien lieutenant de -Manuel Valls et de cosignataire d'une tribune en faveur de la -déchéance de nationalité pour les binationaux coupables d'actes terroristes, en  2016. Des stigmates que ses adversaires ne se privent pas de lui rappeler.
Olivier Faure, lui, aborde cette élection avec calme. Favori, il engrange les soutiens ? le plus récent est celui de Martine Aubry ; d'autres devraient venir, comme celui du groupe de jeunes responsables locaux emmenés par Valérie Rabault, Emmanuel Grégoire et Sébastien Vincini ? et met en avant le renouvellement nécessaire à la tête du PS. Le président du groupe Nouvelle Gauche à l'Assemblée nationale affirme être " prêt à tous les échanges possibles " avec ses concurrents. " Je ne veux pas être dans la reconduction des anciens clivages, je veux les dépasser, prévient-il. Je ne suis pas pour la synthèse molle. " Il prône une " opposition de gauche, responsable ", à Emmanuel Macron.
Julien Dray hésitePour les socialistes, un scénario catastrophe existe : celui de la dispersion des voix et de la prééminence des querelles de personnes. Outre MM. Faure, Carvounas et Le Foll, deux autres candidats se sont déclarés : Emmanuel Maurel, pour l'aile gauche, et Delphine -Batho, ancienne ministre de l'écologie. Julien Dray, proche de François Hollande, hésite à se lancer, comme on a pu l'entendre jeudi matin sur Radio Classique où le fondateur de SOS-Racisme a déclaré être candidat, avant de se rétracter sur Facebook. Et si les trois candidats issus de la majorité n'arrivent pas à s'entendre, c'est Emmanuel Maurel qui pourrait en tirer profit, par un inattendu concours de circonstances.
Le député européen s'amuse de toute cette agitation. " Tout cela montre qu'il n'y a plus de majorité. La famille hollando-vallsiste se divise. Les candidats qui en sont issus devront expliquer ce qui les différencie sur le fond, explique. Ceux qui pensent que le congrès est joué d'avance se trompent. "
" Je ne crois pas une seconde au scénario  ubuesque d'une victoire possible d'Emmanuel Maurel ", tranche pour sa part Stéphane Le Foll. Pas question pour lui de se retirer ou d'envisager dès maintenant une quelconque alliance. " Que les militants votent, on verra après pour le reste. On ne va pas passer des accords avant ", note-t-il. L'ancien ministre de l'agriculture croit en ses chances, malgré une image clivante en interne, et met en avant sa " notoriété " : " Le PS n'est pas incarné aujourd'hui dans le débat public, veut-il croire. J'ai la solidité, la cohérence et la loyauté nécessaires. "Une chose est sûre : le PS n'a pas encore tourné la page de ses divisions.
Abel Mestre
© Le Monde

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