Lu dans le DL du 20.11.2017
LE BILLET
PAR GILLES DEBERNARDI
Bernard Tapie,
mauvais sang
La France, depuis un demi-siècle, suit le feuilleton de ce compatriote
autant critiqué qu’applaudi.
Tour à tour Cyrano, Rastignac, Arsène
Lupin et Monte-Cristo, le personnage cumule les vertus romanesques.
Bernard Tapie, fils d’ouvrier, commença par vendre des téléviseurs
avant d’exploser tous les audimats.
Une grâce mystérieuse le pousse
vers la réussite.
Il se lance dans le cyclisme et remporte le Tour.
Il se
lance dans le foot et gagne la coupe d’Europe.
Il se lance dans les
affaires et rachète Adidas.
Il se lance dans le cinéma et tourne avec
Lelouch.
Il se lance dans la politique et devient ministre.
On ne l’érigea pas, pour autant, en modèle d’intégrité pour la
jeunesse.
Son parcours ne va pas sans accroc, et plusieurs détours par
les tribunaux.
Là encore, le gaillard ne fait pas les choses à moitié.
Il a
connu les palais dorés de la République et aussi ses maisons d’arrêt.
En toutes circonstances, de Matignon à la Santé, sa combativité
éclate.
Il la démontre, une fois encore, en venant parler de sa maladie avec
une froide et féroce lucidité.
Avec lui, les métastases n’ont qu’à bien se
tenir !
Armé d’une philosophie nouvelle, il se bat. C’est la dernière
saison de la série, sûrement pas l’ultime. Nanard, bien qu’affaibli,
rayonne d’une énergie intacte et non exempte d’émotion. Au passage,
quand même, il glisse le diagnostic des médecins : « Vous vous êtes
fait trop de bile et de mauvais sang ! ». Manière d’imputer son cancer
aux ennemis qui le tourmentent, le Crédit lyonnais et les juges
« harceleurs ».
Ce mélange de calcul roublard et d’humanité sincère,
c’est Bernard Tapie. Et un peu nous tous, au fond
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