Lu dans informations Ouvrières N° 479 du 16.11.2017
À quand les
« Macron Papers» ?
Tous les grands médias feignent aujourd’hui de s’en indigner : les ultra-riches
cachent leurs immenses fortunes dans les paradis fiscaux, comme le révèlent
les « Paradise Papers ». Macron répond en leur offrant des dizaines de milliards
d’euros supplémentaires.
Des capitaux colossaux détenus par de
grandes entreprises et quelques centaines
de milliers d’individus très fortunés
échappent à la fiscalité de leurs
pays, cachés dans des paradis fiscaux.
Les
riches, immensément riches, n’ont jamais été
aussi riches.
Et leur richesse, sans cesse accrue
par l’exploitation capitaliste, est considérablement
plus importante que ne le laissent supposer
leurs feuilles d’impôt.
La presse internationale a eu accès à une masse
de documents (surnommés « Paradise Papers »)
d’un cabinet spécialisé dans les montages financiers
qui permettent une évasion fiscale à grande
échelle.
Elle estime que 40 % des profits des multinationales
sont dissimulés dans ces paradis fiscaux
; elle indique en outre que les ultra-riches
(représentant 0,01 % de la population des pays
développés), dont le patrimoine individuel se
compte en centaines, voire en milliers de millions
de dollars, y cachent des actifs financiers
d’un montant équivalent à 10 % du PIB mondial.
Ces personnes richissimes vont jusqu’à y mettre
leur yacht à l’abri, tel celui, de 101 mètres de
long, de Bernard Arnault, dirigeant de la multinationale
du luxe LVMH.
20 MILLIARDS D’ÉVASION FISCALE
Et dans le même temps, « les pauvres sont de
plus en plus pauvres », selon le constat dressé
par le Secours catholique dans son rapport
annuel.
Pour sa part, l’Insee dénombre neuf millions
de personnes vivant sous le seuil de pauvreté.
Et cela se passe dans la cinquième
puissance du monde.
Dans le monde entier, pour
ne citer qu’un seul chiffre, un milliard de personnes
survivent dans des bidonvilles, parce
qu’elles perçoivent des salaires de misère ou sont
condamnées au chômage, ou parce qu’elles ont
été contraintes de fuir des campagnes encore
plus miséreuses.
En ces temps où les gouvernements appliquent
la rigueur, démantèlement des systèmes de protection
sociale collective au nom de l’équilibre
budgétaire et de la nécessité de faire baisser le
coût du travail (c’est-à-dire d’appauvrir les travailleurs),
l’évasion fiscale pratiquée par les
grandes entreprises et les grandes fortunes prive
les États d’au moins 350 milliards d’euros de ressources
fiscales par an, dont 20 milliards rien
que pour la France.
MACRON BAISSE LES COTISATIONS
PATRONALES
Que représentent ces 20 milliards ?
C’est, par
exemple, environ sept fois ce que la ministre de
la Santé veut couper dans les dépenses de santé
l’an prochain.
Et ce n’est qu’un début.
Cette
ministre estime que « 30 % des dépenses d’assurance
maladie ne sont pas pertinents ».
Conséquence parmi d’autres : des personnes âgées
sont chassées des hôpitaux en pleine nuit (voir
encadré) !
Les patrons et actionnaires fortunés qui se soustraient
à l’impôt sont en plus récompensés par
le gouvernement Macron.
Il supprime l’impôt
sur les grandes fortunes (le patrimoine financier
en sera exonéré).
Il institue une flat tax (un prélèvement forfaitaire au taux unique de 30 %) qui
va faire baisser à terme de deux milliards d’euros
la taxation des profits financiers (dividendes
d’actions, intérêts, etc.). Il va diminuer d’un quart,
sur cinq ans, l’impôt sur les profits des entreprises,
qui va passer de 33 % à 25 %.
Il s’apprête
à baisser de six points les cotisations patronales
pour l’assurance maladie et, dans le même temps,
il augmente l’impôt CSG payé par les salariés et
les retraités.
Pour ces derniers, cela représente
une augmentation de 25 % de cet impôt !
CHARITÉ D’ÉTAT
À terme, Macron, reprenant les exigences martelées
depuis des décennies par les patrons, veut
mettre à bas la Sécurité sociale conquise en 1945,
fondée sur le salaire différé (les cotisations salariales
et patronales), et instituer un système de
charité d’État (un « socle de base » ou « filet de
sécurité »), financé par l’impôt, soumis aux aléas
des politiques budgétaires, et que chacun complétera
comme il pourra par des assurances privées.
En exonérant, au passage, les patrons de
dizaines de milliards d’euros !
À quand
les « Macron Papers » ?
Yan LEGOFF ■
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Évasion fiscale : l’hypocrisie
des gouvernements
successifs
«Il faut faire la différence entre les
optimisations fiscales qui ont une
base légale (…) et les infractions
», a déclaré le porte-parole
du gouvernement, Christophe Castaner, lors
de son compte rendu du Conseil des
ministres, le 7 novembre.
Eh oui ! quand on est riche, ne pas payer ce
qu’on doit en impôts grâce aux paradis fiscaux
(on dit « optimiser », en langue de bois),
c’est légal, au nom de la sacro-sainte propriété
privée du capital !
Et, de toute façon, il y a de
moins en moins de fonctionnaires pour mettre
le nez dans vos comptes : depuis 2002, 37 000
postes ont été supprimés dans l’administration
des Finances publiques, soit un quart des
effectifs, par les gouvernements de droite
comme de gauche.
Macron poursuit sur la
même lancée, en supprimant, l’an prochain,
plus de 1 600 postes dans ce ministère
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