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mardi 21 novembre 2017

À quand les « Macron Papers» ?

Lu dans informations Ouvrières N° 479 du 16.11.2017


           À quand les « Macron Papers» ?

Tous les grands médias feignent aujourd’hui de s’en indigner : les ultra-riches cachent leurs immenses fortunes dans les paradis fiscaux, comme le révèlent les « Paradise Papers ». Macron répond en leur offrant des dizaines de milliards d’euros supplémentaires.

Des capitaux colossaux détenus par de grandes entreprises et quelques centaines de milliers d’individus très fortunés échappent à la fiscalité de leurs pays, cachés dans des paradis fiscaux. 
Les riches, immensément riches, n’ont jamais été aussi riches. 
Et leur richesse, sans cesse accrue par l’exploitation capitaliste, est considérablement plus importante que ne le laissent supposer leurs feuilles d’impôt.
 La presse internationale a eu accès à une masse de documents (surnommés « Paradise Papers ») d’un cabinet spécialisé dans les montages financiers qui permettent une évasion fiscale à grande échelle. 
Elle estime que 40 % des profits des multinationales sont dissimulés dans ces paradis fiscaux ; elle indique en outre que les ultra-riches (représentant 0,01 % de la population des pays développés), dont le patrimoine individuel se compte en centaines, voire en milliers de millions de dollars, y cachent des actifs financiers d’un montant équivalent à 10 % du PIB mondial. 
Ces personnes richissimes vont jusqu’à y mettre leur yacht à l’abri, tel celui, de 101 mètres de long, de Bernard Arnault, dirigeant de la multinationale du luxe LVMH. 

20 MILLIARDS D’ÉVASION FISCALE 

Et dans le même temps, « les pauvres sont de plus en plus pauvres », selon le constat dressé par le Secours catholique dans son rapport annuel. 
Pour sa part, l’Insee dénombre neuf millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté. 
Et cela se passe dans la cinquième puissance du monde.
 Dans le monde entier, pour ne citer qu’un seul chiffre, un milliard de personnes survivent dans des bidonvilles, parce qu’elles perçoivent des salaires de misère ou sont condamnées au chômage, ou parce qu’elles ont été contraintes de fuir des campagnes encore plus miséreuses.
 En ces temps où les gouvernements appliquent la rigueur, démantèlement des systèmes de protection sociale collective au nom de l’équilibre budgétaire et de la nécessité de faire baisser le coût du travail (c’est-à-dire d’appauvrir les travailleurs), l’évasion fiscale pratiquée par les grandes entreprises et les grandes fortunes prive les États d’au moins 350 milliards d’euros de ressources fiscales par an, dont 20 milliards rien que pour la France. 

MACRON BAISSE LES COTISATIONS PATRONALES 

Que représentent ces 20 milliards ? 
C’est, par exemple, environ sept fois ce que la ministre de la Santé veut couper dans les dépenses de santé l’an prochain. 
Et ce n’est qu’un début.
 Cette ministre estime que « 30 % des dépenses d’assurance maladie ne sont pas pertinents ». 
Conséquence parmi d’autres : des personnes âgées sont chassées des hôpitaux en pleine nuit (voir encadré) ! Les patrons et actionnaires fortunés qui se soustraient à l’impôt sont en plus récompensés par le gouvernement Macron. 
Il supprime l’impôt sur les grandes fortunes (le patrimoine financier en sera exonéré).
 Il institue une flat tax (un prélèvement forfaitaire au taux unique de 30 %) qui va faire baisser à terme de deux milliards d’euros la taxation des profits financiers (dividendes d’actions, intérêts, etc.). Il va diminuer d’un quart, sur cinq ans, l’impôt sur les profits des entreprises, qui va passer de 33 % à 25 %.
 Il s’apprête à baisser de six points les cotisations patronales pour l’assurance maladie et, dans le même temps, il augmente l’impôt CSG payé par les salariés et les retraités.
 Pour ces derniers, cela représente une augmentation de 25 % de cet impôt ! 

CHARITÉ D’ÉTAT

 À terme, Macron, reprenant les exigences martelées depuis des décennies par les patrons, veut mettre à bas la Sécurité sociale conquise en 1945, fondée sur le salaire différé (les cotisations salariales et patronales), et instituer un système de charité d’État (un « socle de base » ou « filet de sécurité »), financé par l’impôt, soumis aux aléas des politiques budgétaires, et que chacun complétera comme il pourra par des assurances privées. 
En exonérant, au passage, les patrons de dizaines de milliards d’euros !
 À quand les « Macron Papers » ?

 Yan LEGOFF ■

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Évasion fiscale : l’hypocrisie des gouvernements successifs «Il faut faire la différence entre les optimisations fiscales qui ont une base légale (…) et les infractions », a déclaré le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, lors de son compte rendu du Conseil des ministres, le 7 novembre.
 Eh oui ! quand on est riche, ne pas payer ce qu’on doit en impôts grâce aux paradis fiscaux (on dit « optimiser », en langue de bois), c’est légal, au nom de la sacro-sainte propriété privée du capital !
 Et, de toute façon, il y a de moins en moins de fonctionnaires pour mettre le nez dans vos comptes : depuis 2002, 37 000 postes ont été supprimés dans l’administration des Finances publiques, soit un quart des effectifs, par les gouvernements de droite comme de gauche. 
Macron poursuit sur la même lancée, en supprimant, l’an prochain, plus de 1 600 postes dans ce ministère

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