lu dans le DL du 25 septembre 2017
LE BILLET
PAR ANTOINE CHANDELLIER
Sénateur,
espèce coriace
Que n’a-t-on pas dit à propos de cette institution à la moquette si épaisse
qu’elle ralentit le rythme de ses pensionnaires qui ne sont pas des perdreaux
de l’année.
Vous savez, le fameux train de sénateur.
Franchouillard, inutile,
conservateur, provincial…
Les a priori ont la vie dure quand on évoque le
Palais du Luxembourg, mal aimé et mal connu des Français.
Or le Sénat est
toujours debout, malgré 50 ans de défiance.
De Gaulle, qui voulait le supprimer,
avala son chapeau.
En 2017, il est cette digue susceptible de freiner la
déferlante Macron.
Le placide Gérard Larcher et sa majorité n’avaient guère
de souci pour conserver leurs positions.
Le député Mélenchon, roi exubérant
de la rue, y a fait carrière et devra partager le leadership de l’opposition avec
ce Sénat que l’on disait hors d’âge.
Les Républicains, remobilisés par la
baisse des ressources des collectivités, pourraient y retrouver de la voix.
Car le Sénat est l’émanation des territoires, contrepoids d’un pouvoir
centralisateur.
C’est l’anti-élite. Raffarin, l’un de ses piliers, cultiva son
expression « France d’en bas ».
Son rôle n’est pas neutre.
Si l’Assemblée a le
dernier mot, la chambre haute étoffe ou taille les lois, comme celles sur la
moralisation de la vie politique ou la sécurité intérieure.
En ce dimanche de
renouvellement de la moitié des fauteuils sénatoriaux -l’expression serait
presqu’un oxymore- le citoyen était peu concerné.
Seuls les grands électeurs,
principalement élus locaux, interrompaient leur partie de pêche pour
aller aux urnes.
Les Français comprendront de quel bois se chauffe cette
espèce lorsque les réformes constitutionnelles nécessitant l’aval de trois
cinquièmes des parlementaires se heurteront à son pouvoir de blocage.
Quand il s’agira de voter la réduction de leur nombre, nos sénateurs iront de
leur célèbre train. À reculons. Sacrés rebelles !
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