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dimanche 24 septembre 2017

"On a beau le critiquer, Mélenchon fait le boulot", reportage dans la manif des Insoumis

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"On a beau le critiquer, Mélenchon fait le boulot", reportage dans la manif des Insoumis

Venu de Haute-Loire, un groupe de 150 personnes a suivi le cortège organisée par Jean-Luc Mélenchon contre "le coup d'état social" d'Emmanuel Macron.

Jean-Luc Mélenchon à République samedi.

Jean-Luc Mélenchon à République samedi. (Reuters)

"Alors, les fainéants, on s'organise? Vous avez votre carte? Parce que c'est une manifestation réservée aux fainéants, aux incapables, aux illettrés…" A la descente du car, qui les a emmenés à la manifestation de la France insoumise contre la réforme du Code du travail, certains plaisantent, d'autres se prennent en photo avec leurs smartphones. Casquette kaki flanquée d'un autocollant La France insoumise et foulard rouge, Cathy pose avec son amie Denise. "On dit que l'urgence est sécuritaire, je dis que l'urgence est sociale, écologique, sanitaire", martèle Cathy, artiste peintre qui anime des ateliers à Tence (Haute-Loire), et "indignée perpétuelle". "Avant, on n'était qu'une dizaine pour monter manifester à Paris. Cette fois, on a affrété deux cars et indépendamment, sans passer par la plateforme de La France insoumise. On est partis du Puy-en-Velay à 5 heures du matin et on a récupéré du monde à Saint-Etienne pour arriver à Paris à 115." Martine Dejean, qui s'est présentée dans la première circonscription contre Laurent Wauquiez (LR), lance en riant : "Nous sommes en autogestion."

"Il est un outil comme nous. Il a su nous mettre debout"

Comme Cathy, elle porte autour du cou un "phi", le logo de La France insoumise, en argent. "C'est le bijoutier de notre patelin qui nous les a faits", explique cette pharmacienne à la retraite de 64 ans qui s'est investie dans les collectifs ­antilibéraux en 2005 au moment du référendum sur le projet de Traité constitutionnel européen après avoir eu une révélation devant Pas assez de volume, de Vincent Glenn, un documentaire sur le fonctionnement de l'Organisation mondiale du commerce. Deux ans après, elle se présentait pour la première fois aux législatives sur une liste de la Confédération paysanne après avoir soutenu la candidature de José Bové à la présidentielle. "Ecologiquement et humainement, on va dans le mur", martèle Martine, venue pour les salariés et contre la loi travail et pas spécialement pour Mélenchon. Même si, dit-elle, "on a beau le critiquer, il fait le boulot".
"Les bruits qui couraient sur les réseaux sociaux, c'est que des gens d'En marche! allaient infiltrer la manifestation", murmure Cathy. "Dans le car, on s'était mis d'accord pour ne parler avec personne", s'esclaffe Philippe, lunettes rondes et chemise blanche imprimée de palmiers bleus, ravi de voir "autant de monde et de personnes différentes et de tous les âges". Derrière lui, une petite fille, juchée sur les épaules de son père, tire sur le drapeau La France insoumise de Pierre, qui a voté pour Benoît Hamon, mais comme "on ne se sait pas trop où il est et ce qu'il fait… mieux vaut Mélenchon que rien", explique ce chômeur de 59 ans, en fin de droits, à qui on répète qu'il est "trop vieux".
"Certaines personnes qui ne pouvaient pas venir ont donné de l'argent pour permettre à d'autres qui n'avaient pas les moyens de monter à Paris", confie Cathy. Comme Hugues, un visiteur médical à la retraite, qui a même offert une banderole "Haute Loire insoumise". "On l'a oubliée dans le car", soupire Cathy, navrée. Son mari, Didier, plongé dans la lecture de Siné Mensuel, porte un tee-shirt de La France insoumise sur lequel est imprimée une des œuvres de sa femme, Un homme en marche, que lui a inspiré l'artiste allemand Joseph Beuys. "Nous marchons contre les injustices", risque Cathy.
En arrivant à République, ils peinent à entendre leur tribun. "On le réécoutera sur Internet, philosophe Cathy, qui a les yeux qui brillent. Quand on me dit : tu es amoureuse de ton Mélenchon, je le vis comme du mépris, assène l'artiste. Mélenchon est un outil comme nous tous. Il a su nous mettre debout. Mon gendre, qui est fils de paysan et paysan, m'a dit : il m'a montré que j'étais intelligent. Quand on salit Mélenchon, on nous salit." 


Par Christel de Taddeo



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