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mardi 19 septembre 2017

Macron, le neuf, le vieux

18 septembre 2017
Laurent Joffrin
La lettre politique
de Laurent Joffrin

Macron, le neuf, le vieux

Décidément le nouveau monde est en marche. Les députés macronistes se réunissent deux jours dans le but de se connaître mieux et de coordonner leur action au Parlement. Ces quelque 300 élus, souvent neufs en politique, n’ont pas eu le temps pendant un été très actif, de repérer qui était qui dans cette Assemblée nationale massivement renouvelée. On appelait jadis ce genre de rencontre des «journées parlementaires». Du passé faisons table rase ! Les députés d’En marche se réunissent en «séminaire», ce qui n’a rien à voir.
Fidèles à leur culture managériale, ils ont confié l’organisation de leur jamboree à une boîte de «coworking» (autrement dit de «travail en groupe», mais «coworking» est plus chic…), appelée Up and Co (en vieux français : «En haut et Ensemble»). Certes, on a évité le week-end de «team-building» («instauration d’un esprit d’équipe», dans l’ancien monde) avec descente de rapides en canoë, escalade dans la forêt de Fontainebleau et guitare autour d’un feu de camp. Mais on travaillera en «small units» – «en petits groupes» – de manière à créer auprès des nouveaux élus un «effet wahoo» – un enthousiasme collectif – propre à motiver les fantassins de la révolution en cours. Au menu : mieux spécialiser par sujet les parlementaires néophytes de manière à résister aux objections techniques que peuvent leur opposer les élus plus expérimentés, apprendre à répondre au tac au tac aux interpellations en séance ou en commission, s’organiser pour assurer une présence continue des hommes et femmes du président dans les médias, garder le contact avec les «helpers» – les adhérents – qui pourraient considérer qu’une fois élus, les représentants du mouvement se coupent de la vraie vie.
On mesure facilement le caractère inédit («innovant», dans le nouveau monde) de l’exercice. Les élus LREM veulent se professionnaliser en politique, rationaliser leur travail au Parlement, répondre coup pour coup à l’opposition en développant leurs capacités oratoires et leur connaissance des dossiers, utiliser mieux les moyens d’information pour défendre l’action du gouvernement, maintenir des liens étroits avec les militants. Bref se mettre en ordre de bataille pour mieux soutenir et nourrir les mesures prévues par le président de la République et peser sur l’opinion en affinant et en démultipliant leur discours. Dans l’ancien monde – mais on hésite à l’écrire – il existait un mot pour désigner ce genre d’organisation, un mot maladroit et ringard à souhait : un parti politique.

Et aussi

 Pierre Laurent se rebiffe. Martyrisé depuis de longs mois par La France insoumise, le chef de file du Parti communiste a pris la mouche. Son discours à la Fête de l’Humanité, d’abord dirigé contre la politique d’Emmanuel Macron, s’est également attaqué à l’attitude, à ses yeux agressive et méprisante, des mélenchonistes à son égard. Il a aussi appelé à l’unité de la gauche. Il a raison, à coup sûr : divisée, l’opposition n’a aucune chance de peser vraiment sur la politique du gouvernement. Mais son appel sonne un peu creux : le vrai but de Jean-Luc Mélenchon, ce n’est pas de s’allier avec le PCF (pas plus qu’avec le PS d’ailleurs) mais de les détruire.
• La protestation contre la loi travail commence à s’étendre. Plusieurs catégories, plusieurs syndicats, ou bien, à l’intérieur du même syndicat, plusieurs fédérations, se joignent au mouvement. Seulement voilà : chacun veut manifester de son côté. C’est une convergence dans la désunion, ou bien une union dans la divergence. L’énumération des actions prévues (manifestations, journées d’action, débrayages, etc.) tourne même au ridicule. Chacune émanant d’un groupe différent, des actions auront lieu le 18 (aujourd’hui), le 21, le 23, le 25, le 28 septembre, le 3 et le 10 octobre. Soit sept protestations séparées. Suggestion utile pour venir en aide à ce mouvement unitaire d’un genre nouveau, c’est-à-dire complètement éclaté : avant le 10 octobre, il reste encore une douzaine de dates libres. Pour sauvegarder l’indépendance de chacun, il serait bon de nommer une commission arbitrale qui attribuerait les jours vacants à ceux qui les rejoindront, à la manière dont la Haute Autorité des communications attribue les fréquences libres. Ainsi, la contestation de la loi Pénicaud serait assurée de se manifester en ordre harmonieusement dispersé.
LAURENT JOFFRIN
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