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mardi 19 septembre 2017

Les Crises.fr - Patrick Chêne : « La gratitude d’un patient soigné pour un cancer »


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18
Sep
2017

Patrick Chêne : « La gratitude d’un patient soigné pour un cancer »


C’est vraiment bien de lire ça dans le Figaro…
Source : Le Figaro, Patrick Chêne, 15/09/2017
FIGAROVOX/TRIBUNE – L’ancien journaliste rend hommage à l’hôpital public et au dévouement des personnels de santé à l’égard des patients qui vivent une épreuve. Il plaide pour la prise en compte de leurs doléances par les pouvoirs publics.

Patrick Chêne est ancien journaliste de télévision et de radio.

Je viens de traverser un désert. Rien à voir avec mon parcours de journaliste. C’est vrai que j’ai toujours eu la chance d’enchaîner les belles aventures. De Stade 2 au Tour de France et passant par le 13 heures, Politique Matin ou la création de Média 365.
Le désert dans lequel je suis entré au tout début de cette année ne touche pas au professionnel. Il s’est annoncé à moi par un brusque changement sémantique. Sont entrés sans prévenir dans mon quotidien des mots qui jusque-là m’étaient étrangers. Scanner, tumeur, cancer, chimiothérapie, ablation, convalescence et enfin guérison…
« Cessons de nous plaindre ! ». Dans notre pays, la prise en charge en cas de vrai coup dur est exceptionnelle dans le service public.
L’un des objectifs de cette tribune est évidemment d’informer les lecteurs de cette maladie qui a bouleversé ma vie et m’a éloigné des médias. Pudique, j’ai préféré vivre cette épreuve dans l’intimité de ma famille et de mes amis – qui m’ont accompagné avec une extrême bienveillance- plutôt que via les réseaux sociaux…Mais je ne pouvais rester totalement silencieux non plus.
Le deuxième (et principal) objectif de ces quelques lignes est de partager l’expérience d’un malade dans le système français. Je soulignerai un peu plus loin les dysfonctionnements et les améliorations que les pouvoirs publics peuvent apporter mais mon premier message est plus direct: «Cessons de nous plaindre!». Dans notre pays, la prise en charge en cas de vrai coup dur est exceptionnelle dans le service public. Il faut juste en être conscient et s’en réjouir avant de s’attarder sur ce qui peut être amélioré.
Une fois que vous êtes pris en charge par un spécialiste et son équipe, on vous offre le luxe de pouvoir ne vous concentrer que sur votre maladie. Pas de tracasserie administrative pour le malade. Votre médecin traitant déclare la gravité de votre maladie à la Sécurité Sociale et vous voici pris en charge à 100%. Les examens, les hospitalisations, les frais pharmaceutiques…la seule présentation de votre carte vitale suffit.
Fortunés ou indigents, tout le monde est logé à la même enseigne dans le secteur public. Ceci n’a pas de prix. Il faut juste en être conscient.
Soigné dans le service du Professeur Peyromaure (dans le prestigieux service d’urologie de l’hôpital Cochin), j’y ai côtoyé une retraitée avec 800 euros de pension et un petit commerçant qui -comme moi- avaient bien assez à faire avec leur cancer pour se trouver confrontés à des soucis matériels comme c’est le cas dans la majeure partie des pays industrialisés. Fortunés ou indigents, tout le monde est logé à la même enseigne dans le secteur public.
Ceci n’a pas de prix. Il faut juste en être conscient.
Bien sûr l’accès aux soins doit être amélioré, notamment dans les déserts médicaux et il faut parfois trop de temps pour obtenir une consultation chez un spécialiste. Mais lorsque vous entrez à l’hôpital, la prise en charge est exceptionnelle.
L’autre phénomène marquant est quasiment devenu un cliché, un poncif: la qualité des personnels soignants. Dans combien de débats politiques ou médiatiques ai-je entendu les hommages rendus à ces corporations. Mais la réalité dépasse tout ce que l’on peut imaginer. Le respect, la disponibilité, l’attention portée au malade sont inouïs. En chimio, en chirurgie ou ailleurs, à Paris ou à Avignon, je n’ai pas trouvé un contre-exemple. Dans ces moments où chaque mot compte, où l’on voudrait ne pas surcharger de travail ceux qui s’occupent de vous, on ne cesse de vous mettre à l’aise, de jour comme de nuit.
Avec un sourire bienveillant et une extraordinaire expertise. Jamais je ne dirai assez combien je dois à ces modestes héros de notre époque.
Pour avoir séjourné un peu longuement à l’hôpital Cochin, j’ai pu découvrir un peu l’envers du décor.
C’est moins idyllique évidemment. Je n’oserai pas faire un parallèle avec ce que j’ai vécu dans la Télévision
Lorsqu’un chef de service à la télévision doit user 30% de son énergie à bousculer les diktats administratifs, ce n’est pas grave. Quand cela se passe à l’hôpital, c’est coupable.
publique il y a quelques années mais force est de constater que les normes et les protocoles imposés par la grosse machine administrative éloignent parfois l’Assistance Publique de son cœur de métier: soigner des malades.
Lorsqu’un chef de service à la télévision doit user 30% de son énergie à bousculer les diktats administratifs, ce n’est pas grave. Quand cela se passe à l’hôpital, c’est coupable.
User son énergie pour sauver un poste d’infirmière ou de secrétaire dans le service, un lit ou un bloc opératoire plutôt que de s’occuper des malades est une ineptie. Vous l’aurez compris, j’ai choisi mon camp mais entre une équipe soignante soudée autour de son chef de service et une administration centralisée et déconnectée de la réalité de la relation soignant-soigné, j’ai choisi ceux qui agissent avec des horaires élastiques et une bienveillance de chaque instant. Le gouvernement parle souvent de simplification. Il en faut dans l’hôpital mais avec un souci permanent: donner tous les moyens aux soignants plutôt que de multiplier normes et règles déconnectées du réel.
Ma voix porte peu dans ce débat mais je suis heureux de la mêler ici à leur combat. Car c’en est un et de son issue dépendra la préservation des points positifs évoqués plus haut.
Source : Le Figaro, Patrick Chêne, 15/09/2017
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46 réponses à Patrick Chêne : « La gratitude d’un patient soigné pour un cancer »

Commentaires recommandés


LA ROQUELe 18 septembre 2017 à 07h12
” Cessons de nous plaindre ! . Dans notre pays, la prise en charge en cas de vrai coup dur est exceptionnelle dans le service public.”
Si ont se plaint c’est parce que la plupart d’entre nous se rendent compte que la situation se dégrade dans les hôpitaux et que justement nous sommes attachés au fait que tout la monde peut se faire soigner en cas de maladie grave…

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