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mercredi 20 septembre 2017

Lafarge aurait bien versé "20.000 par mois" à Daech, selon un de ses ex-responsables

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JUSTICE

Lafarge aurait bien versé "20.000 par mois" à Daech, selon un de ses ex-responsables

20/09/2017 22:26 CEST | Actualisé il y a 4 heures

Plusieurs anciens salariés et responsables de l'entreprise ont été entendus.


AFP/GETTY IMAGES
Lafarge aurait bien versé "20.000 par mois" à Daech, selon un de ses ex-responsables
JUSTICE - L'enquête sur les relations entre la cimenterie Lafarge en Syrie et le groupe terroriste Daech se poursuit, avec de nouvelles accusations accablantes. Selon un article paru ce mercredi 20 septembre dans Le Mondeun ex-responsable de la cimenterie a admis le versement e 20.000 euros mensuel à Daech.
Selon le quotidien, qui a eu accès à l'enquête, les neuf ex-responsables de l'entreprise ont été entendus. Parmi eux, l'ancien directeur général adjoint opérationel de Lafarge, Bruno Pescheux, qui reconnait que la société avait prévu un budget dédié aux groupes armés présents dans la région.
Mais en 2013, Daech s'empare de Raqqa. C'est aussi à ce moment que la situation se complique pour Lafarge, comme l'a expliqué un des responsables du groupe aux enquêteurs. "On gérait les risques par cette économie de racket, et il n'y a pas eu de phénomène marquant jusqu'à fin 2013", affirme-t-il. Mais à partir de cette date, "Daech s'inscrit dans le paysage. Ils affichent la volonté de taxer les routes. Un des chefs se réclamant de Daech convoque Bruno [Pescheux] et Jacob [Waerness] à Rakka (...). Daech vient dans la liste des racketteurs, ça fait 10 % des sommes, dont la moitié était pour les Kurdes", affirme l'ancien responsable.
Dès lors, la situation change. Interrogé sur la mention du nom du groupe terroriste dans les notes de frais de l'usine et les montants, Bruno Pescheux a en effet affirmé qu'un budget "de l'ordre de 20.000 dollars par mois", était bien prévu.
Trois ex-salariés syriens entendus également
Trois ex-salariés syriens de la cimenterie de Lafarge en Syrie ont aussi été entendus cette semaine par les juges d'instruction chargés de l'enquête sur le groupe, a appris ce mercredi l'AFP de source proche de l'enquête. Au cours de leurs auditions, les anciens salariés ont confirmé "le caractère accablant des éléments qui pourraient être retenus contre Lafarge", a indiqué à l'AFP leur avocate Marie Dosé.
Les ex-salariés, un informaticien, un ingénieur et un employé chargé des emballages dans l'usine, venus spécialement de Syrie pour répondre à la convocation des magistrats, ont été entendus pendant plusieurs heures lundi, mardi et mercredi, a précisé la source proche de l'enquête.
Le scandale avait été révélé en juin 2016 par une enquête du Monde qui avait mis en lumière de "troubles arrangements" entre Lafarge Cement Syrie (LCS), branche syrienne du groupe, et l'organisation terroriste alors que Daech devenait incontournable dans la région.
Deux mois plus tard, le ministère de l'Économie avait déposé plainte, déclenchantl'ouverture d'une enquête préliminaire par le parquet de Paris, confiée au Service national de douane judiciaire (SNDJ). L'enquête s'attache à déterminer les liens qu'a pu entretenir le géant du ciment, notamment avec Daech pour continuer à faire fonctionner en 2013 et 2014, malgré le conflit, la cimenterie de Jalabiya, située dans le nord du pays. Elle porte aussi sur la connaissance qu'auraient eu des responsables du groupe en France de tels accords et du danger qu'ils ont pu faire courir aux employés sur place.
Dans son rapport, dont l'AFP a eu connaissance, le SNDJ conclut que LCS a "effectué des paiements aux groupes jihadistes" pour que la cimenterie continue à fonctionner. La direction française du groupe Lafarge, qui a fusionné en 2015 avec le suisse Holcim, "a validé ces remises de fonds en produisant de fausses pièces comptables", ajoute le SNDJ dans ce document, également révélé par Le Canard enchaîné et Le Monde.
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