Lu dans le DL du 16 juillet 2017
LE BILLET
PAR ANTOINE CHANDELLIER
Quand le bac ne mène
plus à bon port
« Passe ton bac d’abord ». « Sans le bac, point de salut ».
Des phrases que
nos parents nous répétaient comme des slogans.
Et puis vint, en 1985, celui
de M. Chevènement, ministre de l’Éducation nationale, fixant l’objectif suprê-
me de l’enseignement secondaire : « 80 % d’une classe d’âge au niveau du
baccalauréat ». Une belle idée, motivée par des espoirs de promotion sociale
pour les milieux populaires, jamais démentie par les majorités successives et
consolidée par deux lois d’orientation sur l’école. Elle devenait réalité au seuil
de l’an 2000, avec des taux de réussite dépassant 88 % en 2016, dans un
contexte de fragilité économique croissante pour la jeunesse.
Les vannes du lycée se sont ouvertes.
Et voilà que ces adolescents de la
démocratisation scolaire, le boom démographique aidant, sont chaque année
plus nombreux à frapper à la porte des universités au bord de l’embolie,
leur sésame en poche.
Que vaut-il vraiment aujourd’hui ?
Domine le sentiment
que ce n’est pas le niveau général qui s’est élevé mais l’examen créé
par Napoléon que l’on a bradé, retardant le filtre de la sélection.
Le souci, c’est qu’en persistant dans une stratégie volontariste orientant le
plus grand nombre dans la voie incertaine de longues études, on a remplacé
l’injustice que le système entendait réparer par une autre.
Désormais, pour
entrer en fac, le tirage au sort décide de l’orientation.
Comme si un avenir
pouvait se jouer sur un coup de dé.
Trente mille bacheliers sont restés sur le
carreau l’an dernier, ils sont 87 000 à redouter l’impasse à la rentrée
prochaine.
Une mention “Très bien”, naguère passe-partout pour Louis-leGrand
ou Sciences Po, ne garantit même plus d’entrer en STAPS ou en droit.
Ou comment 30 ans d’une politique publique pleine de bonnes intentions
peuvent conduire à un vaste trompe-l’œil.
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