Lu dans le DL du lundi 9 juin 2017
LE BILLET
PAR JEAN-PIERRE SOUCHON
Toutes les cartes
en main…
Il était temps que ce marathon électoral, débuté il y a presque un an,
s’achève.
Avec une confortable et claire victoire des candidats « Macron »,
sans surprise.
Même si, au final, le résultat se révèle beaucoup moins fort et
hégémonique que prévu.
En effet, les « vieux » partis politiques ne sortent pas
complètement laminés de ce scrutin.
Les électeurs auront apporté un
rééquilibrage à ce spectre de l’absolutisme de « La République En Marche »
qui se dessinait la semaine dernière.
Le clivage droite-gauche n’est pas
totalement mort.
L’Assemblée, qui se présentait monocolore au 1er tour, sera
finalement plus colorée et fera entendre de grandes « voix » comme celles de
Manuel Valls, Jean-Luc Mélenchon, François Ruffin, Marine Le Pen, Gilbert
Collard, Eric Ciotti, Jean Lassalle…
Mais on retiendra surtout de ce second tour l’abstention historique encore
plus forte qu’au 1er tour, ce qui devrait faire sérieusement réfléchir.
À l’exception
de la présidentielle qui était déjà en recul par rapport à 2012 et 2007, tous
les scrutins de ces deux dernières années ont été désertés.
La faute à qui ?
Certes, les absents ont toujours tort et nul ne peut contester la légitimité des
élus.
Mais personne ne peut se satisfaire d’une telle situation jamais bonne
pour la démocratie. La proportionnelle, tant annoncée depuis des années et
jamais réalisée, pourrait-elle modifier ces comportements ?
Poser la question,
c’est déjà y répondre.
Peut-être faut-il voir aussi dans cette démobilisation une défiance envers
les politiques et non pas la politique qui passionne toujours autant.
Gauche et
droite confondues ont, depuis une trentaine d’années, leur part de responsabilité.
Elles le payent au prix fort aujourd’hui.
Comment le PS peut-il survivre à cette période cauchemardesque ? Se
recomposer, oui peut-être, mais avec qui ?
Et sur quel projet ?
Comment la gauche, plus largement, peut-elle se reconstruire ? Avec ou
sans Jean-Luc Mélenchon qui a réussi une belle performance personnelle et
collective en réunissant un groupe parlementaire à l’Assemblée ?
« La République
En Marche » a presque tout absorbé, les hommes et les idées.
Comment Les Républicains vont-ils, eux aussi, se remettre debout, se
réorganiser ?
La droite, qui aura la charge de premier opposant au palais
Bourbon, est traversée de courants profondément différents entre une droite
dure, décomplexée et une droite plus compatible avec le nouveau président.
Comment cette formation divisée va-t-elle trouver sa voie et surtout sa voix ?
Comment enfin le Front national va-t-il gérer ses profondes divisions
internes, même si la défaite de Florian Philippot va clarifier la ligne du Parti.
Certes, la déception est moins rude pour Marine Le Pen, qui fait son entrée à
l’Assemblée, avec plusieurs autres leaders frontistes dont Gilbert Collard et
Louis Aliot.
Un résultat éloigné des ambitions affichées lors de la présidentielle,
mais bien meilleur que les projections au soir du 1er tour.
Dans ce paysage totalement renouvelé, Emmanuel Macron a les mains
libres sans avoir pour autant carte blanche.
Il va falloir maintenant entrer dans
le dur, dans les vrais sujets qui préoccupent les Français, la lutte contre le
chômage principalement. La nette victoire de son mouvement l’oblige.
Il est,
à présent, seul en piste…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire