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dimanche 30 avril 2017

HISTOIRE et MEMOIRE - Les Crises.fr - Malleus Maleficarum : le manuel de la chasse aux sorcières (reprise)

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Avr
2017

Malleus Maleficarum : le manuel de la chasse aux sorcières (reprise)


Source : Réalite-Histoire, 19-12-2008
En 1486, à Strasbourg, deux inquisiteurs dominicains, Jacob Sprenger et Henrich Kramer, publient une oeuvre intitulée Malleus Maleficarum, en français le Marteau des Sorcières. Ce livre est en fait un manuel destiné au combat contre le démon, écrit à l’usage d’inquisiteurs et de magistrats participants à la lutte contre la sorcellerie, et qui sera responsable de la mort de plusieurs dizaines de milliers de personnes.
La sorcellerie, une nouvelle forme d’hérésie
Le sorcier est un personnage qui est capable d’obtenir des satisfactions, morales ou (et) matérielles, par des procédés magiques. Il a la possibilité de faire le bien comme le mal, et peut donc guérir ou engendrer la mort. Il est à la fois craint et respecté par les populations rurales. Cependant, dès le Xème siècle,  l’Eglise catholique voit dans le sorcier une illustration de la survie des pratiques pré-chrétiennes et païennes, telles que le druidisme, puis fut considéré comme un hérétique, possédé par le démon. L’Inquisition, tribunal religieux, est crée en 1231 pour lutter contre les hérétiques qui comprendront progressivement les sorciers et les devins. En 1270, parait un ouvrage luttant contre la sorcellerie,Summa de Officio Inquisitionis (le Traité de l’Office de l’Inquisition), et mentionne les différentes peines à infliger face aux hérétiques. Par la suite, en 1435, un procès d’une grande ampleur a lieu à Toulouse, devant le tribunal de l’Inquisition, dans lequel fut jugé 63 hommes et femmes, accusés de vouer un culte au démon. Sous la torture, ils avouent d’adorer le diable et de se rendre régulièrement à des sabbats. A partir du XVème siècle, la lutte contre la sorcellerie se développe dans toute l’Europe Occidentale et de nombreuses personnes furent victimes de procès arbitraires. Un théologien, Jean Vinetti, publie Tractatus contra demonum invocatores (Traité contre les invocations du démon) en 1450 et fait entrer la sorcellerie dans l’hérésie.
C’est à partir de la seconde moitié du XVème siècle que s’organise la répression contre la sorcellerie, et même la papauté va prendre part au combat. En 1484, le pape Innocent VIII promulgue la bulleSummis desiderantes affectibus et condamne officiellement tout acte de sorcellerie, qu’il considère comme opposante à l’Eglise. A cette occasion, il laisse le libre arbitre aux inquisiteurs afin de combattre les hérétiques. C’est donc dans un contexte troublé que le Malleus Maleficarum va s’inscrire. Sa publication aura pour objectif de guider les magistrats qui agissent au nom de la papauté.
Origines et publications
Le Malleus Maleficarum, connu également sous le nom de Marteau des Sorcières depuis le XVIIIème siècle, fut imprimé pour la première fois en 1486 par Peter Drach, à Bâle. Le titre de l’ouvrage se déduit uniquement de l’apologie qui précède le traité publié par le prieur du couvent dominicain de Cologne, Jakob Sprenger. Cette apologie désigne comme responsable de la rédaction un ami de Sprenger, le dominicain de Sélestat Heinrich Institoris (Kramer). Cela contredit néanmoins plusieurs passages du traité lui-même, dans lequel on parle de deux inquisiteurs en tant que rédacteurs. L’attribution à Kramer n’est pas discutée de son vivant, alors que le rôle de Sprenger reste obscur. C’est dans l’édition de Nuremberg de 1519 qu’on trouve pour la première fois dans le titre une indication d’auteur, nommant aussi bien Institoris (mort avant 1505) que Sprenger (mort en 1495). Les éditions suivantes ne donnent pas d’auteur, les deux éditions vénitiennes de 1574 et 1576 attribuent l’ouvrage à Sprenger seul, tout comme la première édition de Francfort-sur-le-Main en 1580. Dans les éditions de la fin du XVIèmesiècle (1582, 1588 et 1600), le même imprimeur, c’est-à-dire l’éditeur Nicolaus Bassaeus, mentionne ces deux auteurs.
Mais à partir de 1580, la dernière édition (Lyon, 1669) regroupe sous le nom de Malleus Maleficarumplusieurs traités d’époques différentes. On peut citer l’inquisiteur Jean Nider (docteur en théologie au début du XVèmesiècle), le franciscain Girolamo Menghi (considéré comme le père de l’exorcisme au XVIème siècle), le théologien Jean Gerson (évêque ayant vécu de 1363 à 1429 et qui a participé à plusieurs conciles), le poète Thomas Murner (1475-1537) ou encore le dominicain Bartolomeo de Spina (proche du pape Paul III et ayant vécu entre 1475 et 1547). Par ailleurs, fut introduit la bulle du pape Innocent VIII Summis desiderantes affectibus du 5 décembre 1484 aux éditions du Malleus. D’une part, elle permettait le Marteau des Sorcières d’avoir un caractère d’autorité suprême. D’autre part, grâce à la publication commune, elle obtint une place considérable dans les promulgations papales concernant la sorcellerie et la magie.
Les deux auteurs du Marteau des Sorcières n’apparaissent pas dans la page de titre, mais sont donnés à la page suivante comme Iacobus Sprenger et Henricus Institoris. Jusqu’au XIXème siècle, Sprenger était considéré comme le principal auteur. Joseph Hansen avança le premier de nombreux arguments pour une attribution principale ou unique à Institoris, déterminant ainsi la direction de la recherche en langue allemande du xxesiècle. En revanche, Sprenger continue à figurer dans la littérature internationale, au moins comme co-rédacteur à part entière. Ce n’est que récemment qu’André Schnyder tenta de contredire cette attribution. Le débat sur ce sujet reste alors en suspens.
Composition de l’oeuvre
D’un point de vue formel, le Malleus Maleficarum est divisé en trois parties. La première se compose de 18 questions concernant l’origine de la sorcellerie, les rapports entre les démons et les sorcières, leurs pouvoirs et la question de la permission divine. Cette partie demeure avant tout théorique. C’est d’abord première ligne la Bible et les écrits patristiques qui servent d’autorité, ainsi que les grands théologiens médiévaux. La seconde partie se compose de deux grandes questions principales : la première, en seize chapitres, traite la question de savoir à qui le sorcier peut nuire ; la seconde, en neuf chapitres, expose les moyens de défense et de préservation face aux ensorcellements. Cette partie est étayée par l’expérience des deux auteurs-inquisiteurs dans leur pratique des procès. La troisième partie propose des instructions pour la conduite des procès de sorcellerie et traite de la compétence juridique. Elle est suivie tout d’abord par une discussion en cinq questions sur l’ouverture du procès, puis par douze questions sur son déroulement, enfin par vingt questions sur les sentences applicables en fonction des cas. Alors que, dans la première partie du Malleus, les explications théoriques sur la sorcellerie sont au premier plan, la seconde est caractérisée par un large emploi dexemples, et la troisième est consacrée aux applications pratiques. La première partie s’adresse avant tout aux théologiens, la seconde aux prédicateur, et la troisième est en quelque sorte un manuel juridique.
Les femmes et le diable....

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