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mardi 31 janvier 2017

Etonnez-moi, Benoît par L Joffrin

31 janvier 2017
Laurent Joffrin
La lettre de campagne
de Laurent Joffrin

Etonnez-moi, Benoît

La victoire oblige. Sur les épaules de Benoît Hamon pèse désormais une mission historique : sauver la gauche française. On pourra trouver cet incipit un peu solennel. Il reflète pourtant la stricte vérité. Comme toujours, l’événement commande et les acteurs font leur propre histoire. Selon que le candidat du PS sera bon ou mauvais, talentueux ou décevant, habile ou maladroit, la gauche survivra ou se fracassera. La mission semble impossible : rasséréner la gauche profonde ; attirer une partie des électeurs tentés par Macron tout en séduisant creux qui ont filé chez Mélenchon. Il y a plus facile…
L’erreur serait se laisser impressionner par le chœur des conformistes, pour qui un candidat doté d’un programme audacieux est par hypothèse disqualifié. Quand la gauche gouverne, on dit qu’elle manque d’imagination. Quand elle a de l’imagination, on dit qu’elle ne veut pas gouverner. Refrain habituel du conservatisme. Mais c’est aussi une évidence que le projet le meilleur du monde ne sert à rien si chacun est persuadé qu’il ne verra jamais le jour. Jaurès toujours : «Aller à l’idéal, comprendre le réel.» Si Hamon pose par exemple que le revenu universel est un idéal, il doit en décrire les voies et moyens dans la réalité. Sans quoi il fait des promesses qu’il ne tiendra pas, ce qu’il a reproché amèrement à Hollande. Il est une solution fort simple pour surmonter la contradiction. La première étape de la réforme est réalisable : unifier les minima sociaux, les accroître de 10 ou 15%, les étendre aux jeunes de 18 à 25 ans. Cher mais faisable. La critique, en fait, se concentre sur un point plus général : le revenu universel dissuaderait le travail. Il est un moyen fort simple de s’en rendre compte : essayer. On choisit une ville moyenne, on instaure le revenu universel pour une moitié des habitants et on ne change rien pour l’autre, qui sert de groupe témoin. Trois ans plus tard, on en tire les leçons. On sort ainsi des débats philosophiques pour parler concret ; on retire de la campagne une pomme de discorde, puisque chacun pourra voir ses thèses se confirmer ou s’infirmer. Mais sans doute est-ce une solution trop simple…

C’était hier

• Fillon s’embourbe. Ce qui pouvait sembler un incident de campagne transitoire tourne au feuilleton délétère. Chaque jour apporte un élément nouveau et embarrassant. Au sénat, François Fillon n’a pas fait grand-chose et touché une prime contestable ; sa boîte de conseil est aussi une boîte noire ; Pénélope Fillon n’était pas la seule dans l’équipe du candidat à percevoir des émoluments venant du groupe de Marc Ladreit de Lacharrière; à chaque fois les réponses sont floues ou inexistantes. La route de l’Elysée se change en chemin de croix.
• Le funeste sort de Fillon contraste toujours autant avec celui de Marine Le Pen. On l’a déjà dit mais il faut le répéter, la candidate du FN a fait la même chose que ce qu’on impute au candidat LR : faire payer par un Parlement une assistante qui ne fait rien au Parlement. On dira que c’était pour le parti. Cela ne change pas grand-chose : voler pour le parti, c’est toujours voler. Juppé avait été condamné pour des faits similaires à la Mairie de Paris. Alors ?
 • Les communistes hésitent. André Chassaigne et Pierre Laurent, éminences du parti, veulent rejoindre Hamon. La base renâcle. Les écologistes ont pratiquement choisi et Yannick Jadot devrait monter à bord de bonne grâce. Première étape, donc. Mais sans les électeurs qui sont tentés par Macron, ce sera trop court…
LAURENT JOFFRIN
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