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vendredi 30 janvier 2015

Olivier Besancenot sonnera-t-il trois fois ?

Olivier Besancenot sonnera-t-il trois fois ?

M le magazine du Monde |  • Mis à jour le  | Par 

En retrait de la vie politique, Olivier Besancenot coule des jours tranquilles. Mais son parti, le NPA, aurait bien besoin de lui à l'approche de la présidentielle de 2017.

Redevenu simple postier, Olivier Besancenot, 40 ans, reste "le" visage du Nouveau parti anticapitaliste (NPA).

Redevenu simple postier, Olivier Besancenot, 40 ans, reste "le" visage du Nouveau parti anticapitaliste (NPA). | Sophie Carrère pour M Le magazine du Monde

Le facteur de Neuilly n’est plus. Il est devenu guichetier dans un bureau de La Poste porte de Clignancourt, dans le nord de Paris. Cela fait un peu plus d’un an qu’Olivier Besancenot a délaissé les sacs de courrier pour travailler derrière un comptoir. Les clients pourraient se croire victimes d’un énième épisode de caméra cachée si le postier trotskiste n’était pas connu comme le loup blanc dans le quartier, où il habite avec femme et enfant. Le midi, il partage un sandwich avec ses collègues pour parler boulot.
En bref, l’apparence d’une vie tranquille, loin d’un engagement politique de tous les instants, comme le lui ont réclamé la Ligue communiste révolutionnaire et le Nouveau parti anticapitaliste (NPA, ex-LCR) pendant près de dix ans. « Je me sens plus libre aujourd’hui », dit-il.
C’est ce qu’il souhaitait en quittant son poste de porte-parole du mouvement et en refusant de se présenter à la présidentielle en 2012.
Mais, à 40 ans, son éternel visage poupin reste l’image la plus connue d’un parti en souffrance, qui tient un congrès décisif pour son avenir du 30 janvier au 1er février, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Fondé en 2009 sur les bases de la LCR, avec l’ambition de former un large rassemblement de la lutte anticapitaliste, le NPA a connu bien des déboires. Il ne compte plus que 2 500 militants, contre 10 000 à ses débuts ; il a vu une partie de ses cadres grossir les rangs du Front de gauche ; et la candidature de Philippe Poutou à la présidentielle de 2012 n’a pas convaincu, loin de là (1,15 % des voix).

LE POUVOIR D'ATTRACTION DU « PETIT OLIVIER »

Le même Poutou a de plus jeté le trouble à l’automne dernier en expliquant ne plus vouloir s’investir à la direction du parti, dénonçant les « pratiques antidémocratiques » qui séviraient au sein du mouvement. Le NPA a donc plus que jamais besoin du « petit Olivier », son surnom des débuts. Lui qui a réussi le tour de force d’obtenir plus de 4 % des voix aux présidentielles de 2002 et 2007, et qui conserve un pouvoir d’attraction à nul autre pareil dans son camp auprès des médias.
Quand il s’agit d’aller porter la parole du NPA sur les plateaux, c’est lui que les chaînes de télévision réclament. Pourtant, l’intéressé dit s’efforcer depuis toujours de ne pas personnaliser son parti. « C’est sa contradiction : il ne veut pas être en avant, mais il est obligé d’y aller », reconnaît Alain Krivine, chef de file historique de la LCR, qui a lancé Olivier Besancenot dans le grand bain.
« Dans les boîtes en grève, Poutou est très bien reçu. Comme bête de télé, Olivier est excellent. Ils sont populaires tous les deux, mais ce n’est pas le même type de popularité », poursuit Alain Krivine. Selon Olivier Besancenot, le mal originel date de la refondation du parti, en 2009. « On aurait dû marquer le coup au moment de la création du NPA, affirmer plus clairement que ce n’était pas “mon” parti, juge-t-il. J’ai dit “merde”, mais seulement du bout des lèvres. »
Malgré les difficultés rencontrées par son mouvement, le postier veut croire aux possibilités de se relever. « Le chemin est étroit, mais il s’ouvre très vite. Quand on voit la Grèce et l’Espagne, des forces politiques peuvent émerger rapidement et être balayées tout aussi vite. De l’espoir, j’en ai. Je suis gonflé à bloc, je suis révolté. »
Alain Krivine se souvient avec une pointe de nostalgie de l’époque où Alexis Tsipras, le tout nouveau premier ministre grec issu de la gauche radicale, venait en France pour s’afficher aux côtés du NPA. « Il était à 3 % dans les sondages, il voulait qu’on le câline, être le Besancenot grec », s’amuse-t-il.
Nombreux sont ceux, aujourd’hui, qui voudraient devenir le Tsipras français. Ce n’est pas l’ambition d’Olivier Besancenot, malgré les pressions de certains. « Ce serait plus facile si Olivier était candidat [en 2017]. Les conditions seront difficiles aux prochaines échéances », estime Jean-Marc Bourquin, membre de la direction du NPA. « Rien à battre de 2017 », répond l’intéressé.


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