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lundi 29 septembre 2014

Sénatoriales: François Hollande encaisse une nouvelle défaite aussi symbolique qu'inquiétante


Le Huffington Post

DE FIL EN AIGUILLE 
Hollande perd un nouveau bout de sa majorité

Sénatoriales: François Hollande encaisse une nouvelle défaite aussi symbolique qu'inquiétante


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HOLLANDE SENAT

Avec la perte du Sénat, c'est la troisième défaite que subit François Hollande en moins de douze mois | AFP

SENATORIALES - Puisqu'on vous dit que c'est mécanique. Ce dimanche 28 septembre, dans les allées du Palais du Luxembourg, les ténors socialistes n'avaient que cette expression à la bouche pour dédramatiser la défaite (pourtant cuisante) qu'ils venaient de subir.
Malgré l'élimination d'ancien ministres, le basculement à droite de la Corrèze si chère à François Hollande et malgré la quasi-éradication du PS dans les Bouches-du-Rhône, les cadres socialistes ont tout de même trouvé la force de relativiser l'ampleur de la victoire de la droite et donc de ce nouveau désaveu pour la politique du gouvernement.
"La gauche résiste mieux que l'effet mécanique des résultats des municipales" de mars ne le laissait prévoir, a ainsi souligné le patron du PS Jean-Christophe Cambadélis, rappelant au passage que les résultats des sénatoriales dépendent pour beaucoup de ceux des élections municipales. "Il y a une plus grande résistance (de la gauche, ndlr) qu'on ne pouvait le penser", a-t-il dit. "Il n'y a pas de vague bleue", "Ce n'est pas la Bérézina annoncée", "Il n'y a pas eu d'effet boomerang"... ont renchéri d'autres responsables de la gauche.
Disons le tout net: même si ce n'est pas la pire, la gauche vient bien d'encaisser une nouvelle déroute, la troisième en l'espace d'un an. Les chiffres parlent d'ailleurs d'eux-mêmes: partie avec 7 sièges d'avance, la majorité sortante en comptait plus de 30 de retard dimanche soir, perdant de fait la présidence du Sénat si durement conquise en 2011. Et si cela ne change pas grand chose aux marges de manoeuvre de François Hollande, cela en dit long sur le niveau de rejet dont sa politique fait l'objet dans le pays.
Pas de tremblement de terre législatif en perspective
Certes, d'un point de vue institutionnel, la perte du Sénat ne risque pas de changer la face du quinquennat. La Haute assemblée est un acteur législatif à part entière. Mais c'est bien l'Assemblée nationale qui a le dernier mot sous la Ve République. La majorité socialiste pourra donc continuer à faire passer ses lois contre l'avis d'un Sénat "laboratoire de l'alternance" UMP. L'opposition systématique du Sénat aux projets du gouvernement ne constitue pas en soi une nouveauté. Lionel Jospin, lorsqu'il était premier ministre de cohabitation, avait fait voter les 35 heures comme la création de l'Aide médicale d'Etat (AME) contre un Sénat bien plus ancré à droite.
Le basculement de dimanche aura ainsi le mérite de clarifier la situation politique de la chambre haute en mettant fin aux couacs de la majorité sortante. Hostiles à la politique sociale-libérale de l'exécutif, les sénateurs communistes avaient plusieurs fois mêlé leurs voix à celle de la droite pour faire battre les textes socialistes, dont certains très emblématiques. La réforme territoriale n'avait ainsi pas dépassé le stade du deuxième article avant d'être renvoyé à l'Assemblée nationale.
Enfin, si la perte de la seconde chambre sonne le glas des projets de révision constitutionnelle de François Hollande, ses marges de manoeuvre étaient déjà extrêmement étroites. Ce qui explique que le président de la République n'ait jamais réussi à faire passer le droit de vote des étrangers non-communautaires aux élections locales, même quand la Haute assemblée penchait à gauche.
De nouveaux arguments pour les frondeurs socialistes
C'est davantage sur le plan politique que le gouvernement a du souci à se faire. En moins de douze mois, l'exécutif a subi trois revers majeurs lors de trois consultations intermédiaires. Le signe d'un rejet profond de la part des Français comme des élus. Si les électeurs ont sanctionné l'overdose fiscale aux municipales et l'absence de cap de l'UE aux européennes, les grands électeurs ont semble-t-il rejeté en masse la baisse des dotations et la réforme territoriale décidées par le gouvernement Valls.
Une gifle qui, non contente de renflouer l'opposition de droite et du centre, nourrit les revendications des partenaires du Parti socialiste, eux-aussi sanctionnés dans les urnes. Après la claque du scrutin de dimanche, la gauche retombe en-dessous de son niveau de 2008. Quant au principal allié du PS, le Parti radical de gauche (PRG), son groupe est celui qui a proportionnellement perdu le plus d'élus au Sénat. Même son influent président, Jean-Michel Baylet, n'est pas parvenu à sauver son siège.
Autant dire que tout cela va contribuer à fragiliser encore davantage une majorité parlementaire déjà chancelante. "Dans la droite ligne des précédentes défaites de la gauche, c'est le résultat du rejet d'une politique économique qui privilégie une gestion comptable de rigueur budgétaire au nécessaire développement écologique et social des territoires", dénonce EELV dans un communiqué. "Les orientations prises par Manuel Valls doivent être repensées sinon on ira de défaites en défaites", a renchéri sur Public Sénat le patron du PCF, Pierre Laurent. "L'absence prévisible de résultats de la politique choisie par François Hollande condamne la gauche à aller d'échec en échec et risque de transformer ce quinquennat en chemin de croix", conclut le MRC de Jean-Pierre Chevènement.
Nul doute que les frondeurs socialistes de l'Assemblée nationale avanceront les mêmes arguments lorsqu'il s'agira de voter le budget 2015 dans quelques semaines.
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