Translate

jeudi 20 décembre 2012

Un député quitte le parti de M.Mélenchon, qu’il accuse de « dérive gauchisante »

Un article du MONDE en date du 21/12/2012



Un député quitte le parti de M.Mélenchon, qu’il accuse de « dérive gauchisante »
Pour MarcDolez, la stratégie «Front contre front» à Hénin-Beaumont  a «cornérisé» le Front de gauche

 Le député du Nord, Marc Dolez.

FRANÇOIS GUILLOT/AFP
C’ est un coup dur pour le Parti de gauche (PG). Mercredi 19 décembre, le député du
Nord Marc Dolez a annoncé, dans Libération, qu’il rendait sa carte du parti. Dénonçant une «dérive gauchisante», il quitte une formation qu’il a contribué à créer en novembre2008.
A la direction du PG, qui a appris la nouvelle par la presse,on dit regretter cette défection.
«C’est triste qu’il parte comme ça, en n’ayant même pas un geste envers les militants », juge Martine Billard. D’autant,souligne la coprésidente du PG, que cette annonce intervient  trois jours après une réunion du conseil national du parti en vue du congrès qui doit se tenir  fin mars à Bordeaux. «S’il avait voulu déposer un texte, il aurait pu le faire, déplore-t-elle.Quand on a un désaccord, on vient l’exprimer.» «Il n’a jamais émis de divergences, c’est  ça qui nous surprend », renchérit François Delapierre, secrétaire national du PG.M.Dolez, qui reconnaît s’être mis en retrait des instances du parti, affirme au contraire avoir  eu l’occasion de dire à M. Mélenchon «toute sa perplexité» sur la ligne du PG. «S’ils n’ont  pas été formellement prévenus de ma décision, il ne faut pas qu’ils jouent la surprise non  plus », glisse le député du Nord. Quant à l’idée de se battre au sein du parti, il y a renoncé. «Chacun sait bien que le fonctionnement et les statuts du PG font que c’est extrêmement difficile de mener un débat de ce type à l’intérieur», souligne-t-il. M. Dolez a donc choisi les médias pour dire tout le mal qu’il pense de son ex-parti. M.Mélenchon est particulièrement visé. C’est pourtant ensemble qu’ils ont choisi de quitter le PS pour lancer le PG en 2008. Les propos de M.Dolez sont d’autant plus forts qu’il est rare d’entendre un membre du PG critiquer le coprésident du parti. Le député du Nord reproche à ce dernier  d’avoir «dilapidé» «l’acquis» de la présidentielle «dès les législatives»: la stratégie «Front contre Front» face au FN à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) a selon lui «cornérisé»
 le Front de gauche.

«Inaudible»

 A l'époque ,le député n’avait pas été consulté sur ce choix qu’il avait ensuite publiquement désapprouvé. En novembre, il avait jugé que si le Conseil constitutionnel annulait l’élection, mieux vaudrait se ranger derrière le socialiste Philippe Kemel. Pas vraiment la ligne de M.Mélenchon.
Depuis la victoire des socialistes à la présidentielle et aux législatives, M.Dolez déplore
Egalement « l’expression médiatique » du député européen qui «critique le plus souvent Le président de la République » plutôt que «de s’attaquer à la droite»
«Nos propositions sont souvent rendues inaudibles à cause de l’outrance du verbe », martèle-t-il. Question  stratégie, il ne partage pas «le mythe du recours» et explique ne pas croire à «la thèse des  deux gauches irréconciliables». «Ce n’est pas un problème de vocabulaire,reconnaît  M.Delapierre. Mais une appréciation, différente de la nôtre , de la politique gouvernementale». Pour ce dernier, quand M.Dolez parle de faire «réussir la gauche»«il utilise le vocabulaire duPCF d’il y a six mois».«Ce qui est aujourd’hui la ligne du PG serait suicidaire pour le Front de gauche, répond M.Dolez. Ce dernier ne doit pas être à  l’extrême gauche mais au coeur de la gauche.»
Ce départ signe la fin de la représentation du Parti de gauche à l’Assemblée nationale.
Très implanté dans le Nord, dont il a été premier secrétaire fédéral quand il était au PS,
 M.Dolez, député depuis 1997, est le seul à avoir réussi à se faire réélire en juin avec l’étiquette  du PG, Mme Billard ayant été battue à Paris. Il assure vouloir rester «un militant actif du Front de gauche». «Cela ne nous affaiblit pas outre mesure, affirme Mme Billard. Les parlementaires  fonctionnent comme des parlementaires du Front de gauche.» Le rôle et l’autonomie de ces  derniers sont d’ailleurs un autre point de divergence entre M.Dolez et son ex-parti. Comme les  députés communistes, l’élu avait choisi de s’abstenir sur le projet de loi de finances pour 2013 tandis que M.Mélenchon avait répété que s’il avait été député, il aurait voté contre. Le PG souhaiterait, lui, «plus de cohérence entre ce que défendent les élus et la force politique qui a permis leur élection». M.Dolez n’est pas le premier à quitter le PG. «Des membres fondateurs,
il ne reste plus que les amis de Mélenchon», souligne le député du Nord. Un avis partagé par Claude Debons, également à l’origine du PG, qui est parti en 2011. Pour celui-ci, il n’est pas certain que ce départ fasse réfléchir la direction du parti. «Je crains que le mode de fonctionnement du PG,dans lequel le débat tourne beaucoup autour de la parole d’un seul,ne permette pas  une inflexion du parti», estime-t-il.
 Au PS, si on ne se félicite pas ouvertement de cette défection, on la note avec satisfaction. «Cela prouve l’isolement de Mélenchon à gauche»,veut croire un proche du premier secrétaire,Harlem Désir.

Raphaëlle Besse Desmoulières
__________________________________________________________________
La position d'ERIC COQUEREL : Lettre d'ERIC COQUEREL concernant MARC DOLEZ  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire