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mardi 23 octobre 2012

Afrique du Sud : un tournant


Afrique du Sud : un tournant

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L’EDITO d’INFORMATIONS OUVRIERES
par Daniel Gluckstein,
Secrétaire national du POI.
logoio.jpg?w=150&h=42Deux mois après le massacre de Marikana, la grève ne cesse de s’étendre, touchant plus de cent mille mineurs sud-africains. Ici s’exprime toute la puissance d’une classe ouvrière engagée dans une grève qui se propage de mine en mine, malgré les obstacles dressés par le syndicat lié au pouvoir (le NUM).
D’un côté, les grandes corporations anglo-américaines et européennes qui imposent un véritable esclavage au prolétariat minier et accumulent des profits gigantesques grâce à la protection que leur apporte le gouvernement Zuma, issu pourtant du mouvement de libération nationale contre le régime de l’apartheid. De l’autre côté, la grève qui s’organise, avec un nouveau syndicat porteur des revendications, et l’élection de comités de grève et de délégués par lesquels les mineurs veulent minutieusement contrôler leur mouvement.
D’un côté, des institutions politiques façonnées par les accords de Kempton Park (signés en 1994) (1) qui consacrent les droits inaliénables des multinationales (droit de « propriété » et droit de lock-outer les ouvriers en grève), accords anti-ouvriers qui protègent le pouvoir de la minorité blanche. De l’autre côté, la classe ouvrière noire dont le mouvement se dresse contre ce carcan et remet à l’ordre du jour, dans les pires souffrances, les mots d’ordre démocratiques : « République noire ! Tout le pouvoir à la majorité noire ! Ce qui a été créé par le peuple noir d’Afrique du Sud doit lui revenir ! »
C’est tout le dispositif issu des accords de Kempton Park — que, dans un large consensus, on cherche à leur imposer depuis dix-huit ans — que les travailleurs d’Afrique du Sud ont entrepris de démanteler. C’est un tournant historique, mais aussi un encouragement pour les travailleurs et les peuples d’Europe qui se dressent contre le carcan issu du traité de Maastricht (signé deux ans avant les accords de Kempton Park).
Aussi, est-ce avec stupéfaction qu’on lit dans L’Humanité (23 octobre) cette déclaration de Zwelinzima Vavi, secrétaire général de la centrale syndicale Cosatu : « Les grèves sauvages servent de prétexte aux compagnies minières pour réduire les effectifs. » Coupables les « grèves sauvages » des mineurs sud-africains qui gagnent 500 euros par mois et doivent faire vivre douze à quinze personnes sur ce salaire ? Coupables, ces mineurs traités comme des esclaves qui passent huit heures par jour au fond de la mine, dans les pires conditions, et vivent dans des cabanes de tôle et de bois sans électricité ? Coupables de se battre pour imposer que leurs salaires de misère soient augmentés (2) ?
Un peu plus tôt, un peu plus tard, les carcans de Kempton Park et de Maastricht voleront en éclats sous les coups de boutoir de la lutte de classe. Rien ni personne ne pourra faire accroire aux travailleurs que combattre pour les revendications et les droits ouvriers, c’est travailler pour la classe capitaliste. L’heure est à la rupture du consensus, à l’échelle internationale comme à l’échelle nationale. L’heure est à l’indépendance du mouvement ouvrier. Décidément : l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes.
(1) Lire dans Informations Ouvrières de ce 25 octobre 2012, pages 10 et 11 
(2) Le même article de L’Humanité affirme que les compagnies minières « pratiquent la manipulation et attisent la colère contre les représentants du NUM » et cite à nouveau Vavi qui dénonce une « campagne d’intimidation bien orchestrée qui ne vise pas seulement à affaiblir la Cosatu, mais aussi l’Alliance (constituée de la confédération syndicale, de l’ANC et du Parti communiste sud-africain — NDLR) et la révolution elle-même ». Rien que ça !
filet pointilles gris

s'informerToutes les informations sur le combat des mineurs et la grève qui s’étend en Afrique du Sud, c’est ici.

Mais aussi dans le journal du POI, Informations Ouvrières qui consacre deux pages à la situation dans ce pays.
Lisez Informations Ouvrières. Pour découvrir le journal, cliquez ici.

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